Les récifs de corail massacrés


 

corail

Imaginez que vous vous retrouvez seul avec 250 bouches à nourrir. 250 petits êtres fragiles et totalement dépendants de vous pour survivre.  Vous vivez de la pêche,  et malheureusement, vos réserves de poissons sont empoisonnées au cyanure ou au mercure. Pour en ajouter,  on dynamite des parties de votre maison. Qu’arriverait-il, croyez-vous? Votre frigo se viderait à une vitesse éclair et vos  enfants mourraient les uns après les autres.

C’est ce qui arrive présentement aux récifs de coraux de nos océans. Bien qu’ils  ne couvrent que 0.1% de la surface des océans, ils sont responsables de la survie de 25% des espèces marines de la planète. Sans eux, les petits organismes ne survivent pas et ne nourrissent  pas les poissons que nous mangeons. Le problème? 10% de tous les coraux de la planète sont déjà morts et 60% des autres sont en danger de mort et risquent de disparaitre d’ici 2050.

Il est déjà trop tard pour les Maldives, les Seychelles, le Sri Lanka, la Tanzanie et le Kenya. *90% des coraux de ces coins du monde sont morts.  La Floride a aussi perdu 44% de ses coraux en 20 ans et les caraïbes, 80%.  C’est une grande catastrophe annoncée pour les poissons comme pour les humains.  Car si les poissons meurent, les hommes qui vivent de la pêche s’appauvrissent et manquent de ressources. Les économies sont en perte d’équilibre et le climat socio-politique en souffre

Comme pour le reste,nous sommes la principale cause du problème, et les victimes à long terme.    Bien que plusieurs pays prennent de plus en plus de mesures pour assurer la survie des coraux, il reste des pays rebelles, qui les détruisent allègrement.

L’industrie de la pêche est certainement un des grands destructeurs dans les pays comme les Philippines, l’Indonésie, et la Chine, bien sûr et  l’Asie du Sud-Est.

Empoisonnement au cyanure

La pêche au cyanure est encore répandue, bien qu’illégale.  C’est d’ailleurs par cette technique d’empoisonnement des poissons que 70 à 90% des poissons d’aquarium sont pêchés.  Si on calcule que 75% des poissons repêchés par cette technique barbare meurent dans les 48 heures, cela fait beaucoup de poissons qui doivent être sacrifiés pour que quelques-uns se retrouvent dans nos aquariums. Sans compter que le cyanure ne tue pas que les poissons, mais toute la faune qu’elle touche, en plus d’être extrêmement nocive pour la santé des pêcheurs, qui pour la plupart, n’ont pas le choix d’effectuer ces tâches ingrates pour survivre.

Les bombes

Vous trouvez cela horrible? Ce n’est rien. D’autres génies ont trouvé des techniques tout aussi barbares. La pêche au dynamitage, par exemple. Ce serait un peu comme chasser les chevreuils à la grenade. Inhumain, extrêmement dévastateur. Mais ça existe. Imaginez que vous pouvez facilement cueillir les poissons morts qui remontent à la surface, mais que les dommages de la bombe sur les fonds marins sont semblables aux effets d’une bombe qui tombe sur un building peuplé de locataires mourant sous sous les décombres.

Imaginez qu’un ami vous invite à la pêche et qu’un fois rendus au milieu du lac, au lieu de lancer sa ligne à l’eau, il sort une grenade et un litre de cyanure. C’est comme ça que se déroule loin de chez nous.

 

La matraque

Il y a aussi la technique  muro-ami,  consistant à cogner sur les coraux avec des bâtons pour faire sortir les organismes et poissons vivant cachés dans les crevasses.  Pas de bombe, pas de cyanure, juste un pêcheur ou un plongeur un bâton qui cogne sur une roche. Pourtant, c’est une des techniques les plus dévastatrices.

Bien sûr, il y a la surpêche, approche souvent légale, mais dévastatrice.

 Le » nettoyage ethnique »

J’appelle le nettoyage ethnique les techniques de chalutage (filet) et de dragage qui remuent ou ramassent les fonds marins  pour ensuite rejeter à la mer ce qui n’est pas désiré. Une étude qui date de 2006 affirme que le chalutage serait la cause de 95% de la destruction des hauts fonds océaniques.

Les mines

Encore plus surprenant, il y a les mines de corail. Oui, on va tout simplement extraire les coraux, morts ou vivants pour en faire des matériaux de constructions, un peu comme on le fait dans des carrières  de pierre.

Il y a également la pollution de l’air qui acidifie les océans ainsi que le réchauffement climatique, ennemi du corail. Il faudrait y consacrer nombres d’articles.

Tous ces crimes sont horribles, en effet.  Mais nous ne sommes pas innocents non plus. Quand on va se faire dorer au soleil dans les Caraïbes , on participe au tourisme de masse, qui contribue à la destruction des coraux. Quand on va plonger dans les coraux, qu’on touche à un corail, qu’on soulève les sédiments par nos mouvements, ou qu’on rapporte un petit « souvenir » de notre plongée, on participe au désastre annoncé. Chaque fois qu’un catamaran lance l’amarre et s’ancre dans une zone de corail, chaque fois qu’un hôtel se construit aux abords d’un récif et rejette ses déchets directement dans la mer, cela participe au désastre. Chaque fois qu’on se met de la crème solaire avant d’aller à l’eau, on participe à la destruction. Chaque fois qu’on achète un bijou fait de corail, une éponge de mer, une étoile de mer et qu’on la ramène en souvenir, on participe peu à peu,  à l’extinction des coraux. Chaque fois qu’on consomme des produits de la mer des pays qui pratiquent la pêche de manière barbare, on participe au désastre.

J’ai moi-même posé nombre de ces gestes, inconsciente des torts que je pouvais causer.

Les bombes, la matraque, l’empoisonnement, on dirait que je décris une guerre. Et malheureusement, c’est une guerre qu’on mène contre notre planète.  Une guerre que nous sommes en train de gagner mais où nous serons tous perdants. Toutes les guerres sont stupides. Celle-ci est la pire car on combat la main qui nous nourrit.

Le boycottage

On peut se sentir coupables, ou s’en foutre,  mais on peut aussi agir. Comme la loi de l’offre et de la demande règne sur notre planète, il n’en tient qu’à nous de boycotter la consommation de produits de la mer qui viennent de la Chine, des Philippines, de l’Indonésie. Moins on en consommera, moins la demande sera haute, plus il y de chance que la production diminue.

J’ai fait le tour de mon armoire juste pour vérifier la provenance de mes produits en conserve. Mauvaise surprise. Mes escargots LELARGE viennent de l’Indonésie. Mon thon SÉLECTION provient de la Thaïlande.  Mea culpa, mais on ne m’y reprendra pas.

La prochaine fois qu’on fait l’épicerie, on lit l’étiquette. Rien de plus simple. La prochaine fois qu’on achète un poisson pour son aquarium, on demande d’où il vient. La prochaine fois qu’on mange un sushi, on s’informe.La prochaine fois qu’on achète des suppléments de calcium, on s’assure qu’ils ne proviennent pas des coraux de pays deviants.  La prochaine fois qu’on achète des huiles de poissons, on regarde l’étiquette.  Car en bout de ligne, nous avons tous des bouches à nourrir. Et nous dépendons des coraux, entre autres, pour y arriver.

On peut aussi soutenir Greenpeace en signant la petition contre CLOVER LEAF pour une pêche du thon respectueuse en cliquant ici: Greenpeace.

Articles en lien avec celui-ci :

Voir ce reportage sur la pêche à la dynamite.

Voir ce court reportage sur la pêche à la cyanure.

Voir le reportage de Greenpeace sur le chalutage des fonds marins

* les statistiques présentées peuvent varier d’une étude à l’autre. Celles-ci proviennent de http://www.panda.org

 

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