TCHERNOBYL, UNE TRAGÉDIE SANS FIN


nucléaire

Le 26 avril 1986,  l’Ukraine allait connaitre la pire tragédie environnementale que la planète ait connue. Le réacteur 4 du plan nucléaire de Tchernobyl  explose en pleine nuit, laissant échapper des émanations radioactives 100 fois plus destructrices que les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki combinées.

Les Héros de Tchernobyl

L’explosion fait instantanément 2 morts. Mais les victimes s’accumuleront rapidement et longtemps. La bataille de Tchernobyl commence.

Au lendemain de l’explosion, le photographe Igor Kostin vole au-dessus de la centrale en hélicoptère et ouvre sa fenêtre pour mieux immortaliser ses clichés. La plupart sont illisibles, détruits par la radioactivité. Lui-même ne sait pas qu’il inhale des doses importantes de fumée toxique mortelle.

 

Les pompiers et les pilotes

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Aucune information ne filtre à travers le pays. Pendant ce temps, des pompiers sont appelés en renfort pour essayer d’éteindre le feu avec de l’eau, ce qui aggrave la situation. Le danger est grand que les autres réacteurs explosent car des brèches se sont formées dans le béton sous le réacteur numéro 4. Après l’échec d’extinction par l’eau, on dépêche des pilotes d’hélicoptères pour essayer d’éteindre le feu avec du sable. Ceux-ci respirent les fumées toxiques sans se rendre compte qu’ils le font au péril de leur vie. Plus de 600 pilotes périssent à la suite de cette opération.

Les victimes affectées directement sur les lieux du drame éprouvent rapidement les premiers symptômes de vomissements, diarrhée et nausée. Puis, de graves brûlures apparaissent sur leur corps, les grugeant jusqu’à la moelle, décimant les populations touchées.

L’explosion contamine en quelques jours, 40% de l’Europe. C’est d’ailleurs la Suède, découvrant des taux élevés de radiation chez elle, qui sonne l’alarme sur cette catastrophe.

 

La population

Deux jours après le drame,  on pense enfin à relocaliser les habitants de la zone la plus affectée, incluant Pripyat, une ville florissante de 50 000 personnes. On leur dira qu’ils quittent leur maison pour 3 jours. Ils emportent un peu d’argent, leur passeport et quelques vêtements. Ils ne remettront plus jamais les pieds chez eux. Les zones où ils vivaient sont déclarées humainement inhabitables. Ils laissent derrière eux tous leurs souvenirs : photos, bijoux, jouets.

Le sable a maîtrisé le feu, mais celui-ci couve maintenant sous la terre et sa lave menace de créer une seconde explosion. On commence alors à déployer du plomb au-dessus du site pour combler le trou brûlant et absorber la chaleur. La tactique fonctionne sur le coup, mais vingt ans plus tard, les taux de plomb dans le sang des enfants est encore anormalement haut.

Les trois plongeurs

L’eau menace de créer une explosion. Trois héros sacrifient leur vie et se portent volontaire pour une mission suicide: plonger pour aller ouvrir les valves qui permettront à l’eau de s’écouler, ce qui  sauvera le pays d’une catastrophe encore plus grande. Les trois plongeurs réussissent leur mission mais meurent dans les jours qui suivent. Ils sont enterrés dans des cercueils de plomb.

Les mineurs

17 jours après l’accident, on décide d’envoyer des mineurs creuser une tranchée sous la centrale, pour pouvoir installer un système de refroidissement sous le réacteur. Il faut faire vite. S’il y a une seconde explosion, elle pourrait rayer l’Europe tout entier de la mappe.

Ils sont des centaines de mineurs âgés entre 20 et 30 ans qui travaillent dans la zone contaminée pendant 10 jours, à des températures allant jusqu’à 120 degrés, sans équipement. Une fois leur exploit réussi, le système de réfrigération ne sera finalement pas installé. On comblera avec du béton pour empêcher la lave d’atteindre le niveau d’eau souterraine et de créer une nouvelle explosion. Le quart des mineurs ayant travaillé 10 jours près du réacteur, seront morts avant l’âge de 40 ans dans d’immenses douleurs.

Dix-huit jours après la tragédie que Gorbatchev daigne enfin s’adresser au monde pour laisser filtrer quelques informations sur le drame.

Les liquidateurs

Une fois le feu maîtrisé, on envoie des centaines de milliers de réservistes (autour de 600 000)  qu’on appellera les liquidateurs. Ils sont chargés d’arroser tous les bâtiments contaminés pour empêcher la poussière de s’envoler. On estime aujourd’hui à 20 000 le nombre de liquidateurs morts et 200 000 invalides. Les réservistes âgés dans la vingtaine à l’époque n’ont aujourd’hui que la jeune cinquantaine, bien qu’ils en paraissent 80.

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Les bio-robots

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12 semaines après l’explosion, on décide de construire un immense sarcophage autour du réacteur 4 pour contenir les émanations. Cependant, les doses de radiation sont si élevées que les hommes ne peuvent rester sur le site plus de 90 secondes. Ils découvrent alors que le toit doit être nettoyé des débris radioactifs. On déploie des robots qui poussent les débris au sol. Les mécanismes des  robots fondent littéralement et tombent en ruine après quelque temps. On les remplace par les bio-robots, des hommes. Ces bio-robots se vêtissent d’une armure de plomb qu’ils fabriquent eux-mêmes pour tenter de bloquer les radiations. Armés seulement de petites pelles, ils travaillent à la chaîne, telle une colonie de fourmis, à débarrasser le toit des débris de graphite mortels. Lorsqu’ils commencent à saigner du nez, on les envoie à l’hôpital. S’ils perdent connaissance, on les renvoie chez eux. 3500 soldats y travaillent pendant 10 jours au risque de leur vie.

Le sarcophage est complété 7 mois après l’explosion. Il avait une durée de vie prévue de 30 ans, mais a rapidement connu des signes de faiblesse. Un deuxième sarcophage sera construit. Les travaux ne font  que débuter. Celui-ci aura une durée de vie prévue de 100 ans. Le sarcophage couvre 200 tonnes d’uranium fondu et cours toujours le risque d’une réaction en chaîne qui pouvant provoquer une explosion si intense quelle pourrait tuer 100 millions de gens.

 

Les enfants de Tchernobyl

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Bien que la catastrophe de Tchernobyl ait encore beaucoup d’impacts sur la vie de millions d’Ukrainiens, les données sont rares, les études aussi. Le gouvernement ne reconnait que 59 morts liées à la catastrophe. On dénombre par contre que la population de l’Ukraine a décliné de 7 millions, que les enfants de Tchernobyl sont presque tous nés avec des maladies chroniques ou des infirmités et que seulement 5 à 10 % des enfants naissent en santé. Les taux de cancer de la thyroïde sont, à certains endroits, jusqu’à 10 000 fois supérieurs à la norme. Nombre d’enfants sont nés avec des anomalies congénitales, des retards mentaux et des paralysies cérébrales.

Ils auront été plus de 500 000 à œuvrer pour combattre le monstre du réacteur #4. Tous ou presque, ignorant les dangers encourus. Tous des héros inconnus qui ont sauvé l’Europe de la grande catastrophe en payant de leur vie ou de leur santé. Des héros à qui on a on avait promis la gloire et qui ont fini dans l’oubli du gouvernement, sans grande compensation, ni soins adaptés.

Une histoire que plusieurs voudraient oublier mais qu’il faut continuer à raconter pour célébrer la mémoire de tous ces héros et victimes et nous rappeler que nous ne sommes pas à l’abri d’un autre drame.

 

Pour en savoir plus…

Pour des photos de Chernobyl

6 commentaires

  1. Sophie, je crois en effet que nous oublions toujours trop rapidement, et encore plus souvent pour les dirigeants où arrivent ces catastrophes parce que peu reluisant pour le pays. C’est tout de même incroyable de déclarer seulement 59 morts. Faisons l’autruche, c’est mieux pour tout le monde. C’est comme pour tout le reste, les enfants et les femmes exploités sexuellement, la surpêche, la pollution, le défrichement massif planétaire … pas besoin d’aller loin, seulement à Jonquière où les constructions neuves de condos, de jumelés et de maisons unifamiliales poussent comme des mauvaises herbes. Bientôt, on nous surnommer la ville des jumelés. C’est hallucinant. Ils sont en train d’enlever tous les arbres et la verdure qui restaient. Et on ne peut y faire grand’ chose. Ça me rend malade. Merci pour ton billet. xx

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  2. ça fait une journée que je fais des recherches sur le sujet et c’est triste à mourir. Le pire c’est que l’histoire se répète. Notre planète fait vraiment pitié. Merci pour ton commentaire.

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