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Ménage des Épices: le tour du monde dans un tiroir!

Sophie Vigneault

Sophie Vigneault

J’ai une journée « Martha Stewart » aujourd’hui et j’ai le goût de faire des trucs jolis pour ma cuisine. Je m’apprête même à vous faire une chronique ménage des épices! Vous direz que vous n’avez pas besoin de moi pour faire votre ménage, mais vous seriez surpris de savoir que plein de blogues et même des émissions télés en font un sujet de discussion! Je me lance donc dans la mêlée avec ce court article qui je l’espère, vous inspirera. J’y ai ajouté mon grain de sel, pour faire un mauvais jeu de mots, afin d’y glisser quelques infos intéressantes sur les épices.

Si vous êtes comme moi, chaque fois que vous vous apprêtez à faire une nouvelle recette, vous courez à l’épicerie et achetez tous les ingrédients de la recette, pour arriver à la maison et vous apercevoir que vous aviez déjà deux ou trois produits que vous venez d’acheter.

Ça m’arrive souvent. Parce que je ne cuisine pas tous les jours, j’ai toujours l’impression qu’il me manquera quelque chose lorsque je me décide à le faire. Et pourtant! Voyez mon tiroir de rangement à épices! C’est le capharnaüm là-dedans et en effet, au lieu de fouiller et de douter de la fraîcheur d’un produit, j’ai souvent le réflexe d’aller en acheter du nouveau.

photo: Sophie Vigneault

photo: Sophie Vigneault

 

En m’attaquant à mon tiroir à épices, j’y ai découvert de petits trésors oubliés. Fleur de sel de Brouage, sel noir d’Hawaï et safran étaient cachés et inutilisés. J’ai aussi trouvé ces vieux contenants métalliques d’épices que ma mère m’a donnés il y a très longtemps. Je me demande s’ils ne sont pas devenus des antiquités!

photo: Sophie Vigneault

photo: Sophie Vigneault

 

Voilà un beau « avant-après » de mon œuvre.

Avant

Avant

 

Après

Après

Si vous êtes inspirées, voilà ce dont j’ai eu besoin pour passer du bordélique au propret.

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Des petits pots de verre avec couvercle vissé, qu’on achète au magasin à 2$, des étiquettes autocollantes et un rouleau de papier. N’importe quel papier fera l’affaire.

 

Étape #1 : tout sortir et trier. On jette ce qui nous parait suspect. Si les épices sont prises en pain dans le fond du sac, on jette. D’ailleurs, on ne devrait jamais garder nos épices dans des sacs, mais les transférer dans des pots hermétiques. C’est pénible de mettre au poubelle des herbes et des épices, quand on sait ce que ça demande pour les cultiver, mais on ne veut quand même pas s’empoisonner!

Saviez-vous que pour fabriquer une seule livre de safran, on a besoin de 50 000 à 75 000 fleurs? La taille d’un terrain de football! C’est probablement sa rareté et la difficulté de la cueillette qui en fait l’épice la plus chère au monde. Et à l’instar de la cocaïne, plusieurs marchands le coupe avec du curcuma pour en produire en plus grande quantité.

Juste à humer chaque épice  nous fait voyager. En France avec les herbes de Provence, en Inde avec le curry, au Maroc avec le curcuma.

Le sel. On sait que le sel a permis aux Romains d’étendre leur empire en contrôlant la route du sel qui  permettait aux armées de conserver leur nourriture et de conquérir d’immenses territoires. Le sel fut longtemps une monnaie d’échange. Le mot sel vient du mot salaire, du latin « salarium »: somme donnée aux soldats pour l’achat du sel.

Le poivre serait l’épice la plus consommée au monde. Il contient de la pipérine qui agirait comme anti-rhume et anti douleur et qui guérirait les bronchites.

Les Indiens ingurgitent en moyenne 1/4 à1/2 cuiller de curcuma par jour! C’est pourquoi ils auraient jusqu’à 8 fois moins de cancers de poumon, et 9 fois moins de cancers de côlon que les occidentaux. C’est la curcumine qui serait un grand agent inhibiteur de cancers.

Retour à notre ménage!

Étape #2 : nettoyer le fond du tiroir et y déposer notre papier. Le mien était autocollant, mais je n’aime pas coller les fonds de tiroirs. En plaçant mon papier simplement dans le fond, cela me permet de le changer une fois sali.

Étape #3 : Assurez-vous d’avoir lavé vos contenants avant d’y verser  les épices. Puis, les  identifier. Si on a envie de les identifier à la main, ça pourra donner ceci.

photo: Sophie Vigneault

photo: Sophie Vigneault

 

 

Pour un résultat plus professionnel, on peut ajouter une étiquette transparente sur notre étiquette blanche.

Photo: Sophie Vigneault

Photo: Sophie Vigneault

 

 

Étape #4 : replacer et fermer!

Voilà! Ça fait du bien, ça nous permet de savoir ce que l’on possède et de redécouvrir nos produits.

Voici une chronique de Claudine sur le sujet.

 

 

CONFIDENCES

On a tous des états d’âmes, des tranches de vies ou des anecdotes à partager. Ce sont parfois de petits moments de notre vie qui refont surface. Nous font sourire ou pleurer. On en cache plusieurs, mais ici j’en partage quelques uns avec vous. En espérant que vous y retrouverez un peu de vous.

Je vous propose de lire:

La Vie, Comme une Balançoire

Ordinaire ou Extraordinaire

Les Égos Ratatinés

La fois où j’ai été intimidée

Le Bonheur

Comment la photographie a changé ma vie

Mon Démon, l’Anxiété

PORTRAITS D’ENFANTS: TOM, 5 ANS

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Je suis directrice d’école. Je vois beaucoup d’enfants et je côtoie habituellement les plus agités ou troublés. Les autres ont moins besoin de moi. J’ai des protégés. Ce sont les plus démunis. Pas que les petits bien habillés, bien propres et bien polis ne me touchent pas, mais ils ont tout ce dont ils ont besoin. Pas mes petits chouchous.

Et parmi ceux qu’il m’a été donné de croiser, il y en a un, à qui je pense encore beaucoup. Je vous raconte. Il est beau comme un cœur. Tout rousselé. Il a 5 ans, potelé. Il est en maternelle. Ses parents ont une déficience légère. Le père est alcoolique. La mère est méchante.  Je vais appeler mon chouchou, Tom. Ce n’est pas son vrai prénom. Tom est attachant malgré qu’il ne sente pas toujours bon et qu’il soit un peu tannant. Comme il a déjà un dossier d’aide à son actif, je le feuillette et m’aperçois qu’il y a déjà eu des plaintes de formulées à la Direction de la Protection de la Jeunesse pour négligence parentale. Les parents sont d’ailleurs suivis par une équipe de professionnels. Une technicienne en éducation spécialisée s’occupe de lui, à l’école, quand ça ne va pas. On garde l’œil ouvert.

Un bon matin, je croise Tom qui saigne de la lèvre. Je l’accompagne aux toilettes pour l’aider à le soigner. Je vois alors sur sa lèvre supérieure, ce qui me semble être une brûlure en train de guérir. Tom a arraché la gale. Mon cœur fait un bon et je lui demande tout bonnement comment il s’était fait ce bobo. Il me répond candidement que sa mère a échappé sa cigarette sur lui. Mon cœur s’arrête. Je lui pose d’autres questions. J’ai la certitude que sa mère n’a pas échappé sa cigarette mais qu’elle lui a carrément écrasée sur la lèvre. On voit bien le trou, bien rond et creux. Je l’emmène voir la technicienne et on procède à lui demander de soulever les manches longues de son chandail, puis on découvre son dos. Il a des marques.

On discute avec lui. Il nous parle ouvertement qu’il va voir un monsieur, un ami de sa mère et que celui-ci lui donne des billets rouges (50$). On découvre que ces cadeaux ne sont pas de généreux dons anodins mais qu’il doit performer des actes de nature sexuelle pour les obtenir, avec le consentement de maman. Il n’a pas les mots pour décrire ce qu’il doit faire, alors il mime les gestes. Très explicites. Nous sommes horrifiées.

Ébranlées, nous communiquons avec la DPJ qui retient le signalement. Un représentant va voir directement les parents en leur dévoilant les propos du petit. Le lendemain la DPJ vient rencontrer Tom. Évidemment, il change son histoire et dit que maman ne veut pas qu’il parle.

Bref, nous sommes coincées. Par contre, d’autres événements se produisent et nous permettent enfin d’avoir un dossier béton. Nous sommes conviées à aller témoigner en cour.  Le juge est d’avis que l’enfant est en danger dans sa famille biologique. Par contre, comme il n’y a pas de familles d’accueil disponibles dans la région et que Tom devrait s’éloigner et changer d’école, il décide de le laisser chez lui. Je suis sans mot.  À partir de ce moment, les parents se méfient de nous et l’enfant aussi. Il restera fermé comme une huitre.

Un mois plus tard, sa grande sœur fait un signalement à la DPJ pour violence. Son signalement est retenu. Elle est retirée de la famille, mais pas Tom. Le signalement ne le concernait pas!

Puis, les parents déménagent, emmenant mon beau Tom avec eux, hors de ma portée. Je n’ai plus revu Tom, mais j’y pense souvent. Chaque fois que j’entends son prénom ou que je croise un petit rouquin dans l’école. J’espère qu’il va bien. Je sais que ce n’est pas le cas.

TCHERNOBYL, UNE TRAGÉDIE SANS FIN

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Le 26 avril 1986,  l’Ukraine allait connaitre la pire tragédie environnementale que la planète ait connue. Le réacteur 4 du plan nucléaire de Tchernobyl  explose en pleine nuit, laissant échapper des émanations radioactives 100 fois plus destructrices que les bombes d’Hiroshima et de Nagasaki combinées.

Les Héros de Tchernobyl

L’explosion fait instantanément 2 morts. Mais les victimes s’accumuleront rapidement et longtemps. La bataille de Tchernobyl commence.

Au lendemain de l’explosion, le photographe Igor Kostin vole au-dessus de la centrale en hélicoptère et ouvre sa fenêtre pour mieux immortaliser ses clichés. La plupart sont illisibles, détruits par la radioactivité. Lui-même ne sait pas qu’il inhale des doses importantes de fumée toxique mortelle.

 

Les pompiers et les pilotes

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Aucune information ne filtre à travers le pays. Pendant ce temps, des pompiers sont appelés en renfort pour essayer d’éteindre le feu avec de l’eau, ce qui aggrave la situation. Le danger est grand que les autres réacteurs explosent car des brèches se sont formées dans le béton sous le réacteur numéro 4. Après l’échec d’extinction par l’eau, on dépêche des pilotes d’hélicoptères pour essayer d’éteindre le feu avec du sable. Ceux-ci respirent les fumées toxiques sans se rendre compte qu’ils le font au péril de leur vie. Plus de 600 pilotes périssent à la suite de cette opération.

Les victimes affectées directement sur les lieux du drame éprouvent rapidement les premiers symptômes de vomissements, diarrhée et nausée. Puis, de graves brûlures apparaissent sur leur corps, les grugeant jusqu’à la moelle, décimant les populations touchées.

L’explosion contamine en quelques jours, 40% de l’Europe. C’est d’ailleurs la Suède, découvrant des taux élevés de radiation chez elle, qui sonne l’alarme sur cette catastrophe.

 

La population

Deux jours après le drame,  on pense enfin à relocaliser les habitants de la zone la plus affectée, incluant Pripyat, une ville florissante de 50 000 personnes. On leur dira qu’ils quittent leur maison pour 3 jours. Ils emportent un peu d’argent, leur passeport et quelques vêtements. Ils ne remettront plus jamais les pieds chez eux. Les zones où ils vivaient sont déclarées humainement inhabitables. Ils laissent derrière eux tous leurs souvenirs : photos, bijoux, jouets.

Le sable a maîtrisé le feu, mais celui-ci couve maintenant sous la terre et sa lave menace de créer une seconde explosion. On commence alors à déployer du plomb au-dessus du site pour combler le trou brûlant et absorber la chaleur. La tactique fonctionne sur le coup, mais vingt ans plus tard, les taux de plomb dans le sang des enfants est encore anormalement haut.

Les trois plongeurs

L’eau menace de créer une explosion. Trois héros sacrifient leur vie et se portent volontaire pour une mission suicide: plonger pour aller ouvrir les valves qui permettront à l’eau de s’écouler, ce qui  sauvera le pays d’une catastrophe encore plus grande. Les trois plongeurs réussissent leur mission mais meurent dans les jours qui suivent. Ils sont enterrés dans des cercueils de plomb.

Les mineurs

17 jours après l’accident, on décide d’envoyer des mineurs creuser une tranchée sous la centrale, pour pouvoir installer un système de refroidissement sous le réacteur. Il faut faire vite. S’il y a une seconde explosion, elle pourrait rayer l’Europe tout entier de la mappe.

Ils sont des centaines de mineurs âgés entre 20 et 30 ans qui travaillent dans la zone contaminée pendant 10 jours, à des températures allant jusqu’à 120 degrés, sans équipement. Une fois leur exploit réussi, le système de réfrigération ne sera finalement pas installé. On comblera avec du béton pour empêcher la lave d’atteindre le niveau d’eau souterraine et de créer une nouvelle explosion. Le quart des mineurs ayant travaillé 10 jours près du réacteur, seront morts avant l’âge de 40 ans dans d’immenses douleurs.

Dix-huit jours après la tragédie que Gorbatchev daigne enfin s’adresser au monde pour laisser filtrer quelques informations sur le drame.

Les liquidateurs

Une fois le feu maîtrisé, on envoie des centaines de milliers de réservistes (autour de 600 000)  qu’on appellera les liquidateurs. Ils sont chargés d’arroser tous les bâtiments contaminés pour empêcher la poussière de s’envoler. On estime aujourd’hui à 20 000 le nombre de liquidateurs morts et 200 000 invalides. Les réservistes âgés dans la vingtaine à l’époque n’ont aujourd’hui que la jeune cinquantaine, bien qu’ils en paraissent 80.

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Les bio-robots

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12 semaines après l’explosion, on décide de construire un immense sarcophage autour du réacteur 4 pour contenir les émanations. Cependant, les doses de radiation sont si élevées que les hommes ne peuvent rester sur le site plus de 90 secondes. Ils découvrent alors que le toit doit être nettoyé des débris radioactifs. On déploie des robots qui poussent les débris au sol. Les mécanismes des  robots fondent littéralement et tombent en ruine après quelque temps. On les remplace par les bio-robots, des hommes. Ces bio-robots se vêtissent d’une armure de plomb qu’ils fabriquent eux-mêmes pour tenter de bloquer les radiations. Armés seulement de petites pelles, ils travaillent à la chaîne, telle une colonie de fourmis, à débarrasser le toit des débris de graphite mortels. Lorsqu’ils commencent à saigner du nez, on les envoie à l’hôpital. S’ils perdent connaissance, on les renvoie chez eux. 3500 soldats y travaillent pendant 10 jours au risque de leur vie.

Le sarcophage est complété 7 mois après l’explosion. Il avait une durée de vie prévue de 30 ans, mais a rapidement connu des signes de faiblesse. Un deuxième sarcophage sera construit. Les travaux ne font  que débuter. Celui-ci aura une durée de vie prévue de 100 ans. Le sarcophage couvre 200 tonnes d’uranium fondu et cours toujours le risque d’une réaction en chaîne qui pouvant provoquer une explosion si intense quelle pourrait tuer 100 millions de gens.

 

Les enfants de Tchernobyl

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Bien que la catastrophe de Tchernobyl ait encore beaucoup d’impacts sur la vie de millions d’Ukrainiens, les données sont rares, les études aussi. Le gouvernement ne reconnait que 59 morts liées à la catastrophe. On dénombre par contre que la population de l’Ukraine a décliné de 7 millions, que les enfants de Tchernobyl sont presque tous nés avec des maladies chroniques ou des infirmités et que seulement 5 à 10 % des enfants naissent en santé. Les taux de cancer de la thyroïde sont, à certains endroits, jusqu’à 10 000 fois supérieurs à la norme. Nombre d’enfants sont nés avec des anomalies congénitales, des retards mentaux et des paralysies cérébrales.

Ils auront été plus de 500 000 à œuvrer pour combattre le monstre du réacteur #4. Tous ou presque, ignorant les dangers encourus. Tous des héros inconnus qui ont sauvé l’Europe de la grande catastrophe en payant de leur vie ou de leur santé. Des héros à qui on a on avait promis la gloire et qui ont fini dans l’oubli du gouvernement, sans grande compensation, ni soins adaptés.

Une histoire que plusieurs voudraient oublier mais qu’il faut continuer à raconter pour célébrer la mémoire de tous ces héros et victimes et nous rappeler que nous ne sommes pas à l’abri d’un autre drame.

 

Pour en savoir plus…

Pour des photos de Chernobyl