psychologie

LA VIE COMME UNE BALANÇOIRE

Couple Playing on a SwingLa vie, comme une balançoire, ça commence par les parents qui nous poussent pour nous donner de l’élan, ou nous retiennent, quand on en a trop.

C’est l’adrénaline,  le sentiment de liberté, le risque, la quête du bonheur, le défi d’aller toujours plus haut, plus vite. C’est le sentiment d’avoir des ailes. C’est le temps de la récréation, le temps des pulsions. C’est l’euphorie de la montée et le vertige de la descente, grisant et épeurant à la fois.

On peut y jouer seul, mais c’est toujours mieux à deux.  On en tombe, quelquefois,  mais on a la renfourche, invariablement.  Ça virevolte, ça twiste, ça demande de l’énergie, ça brasse, ça secoue.

La vie, comme une balançoire, c’est  aussi des chaines qui nous retiennent au sol.  Des cordes qui nous rattachent à la réalité.  C’est comme un tape-cul qui cogne dur des fois. C’est un jeu parfois dangereux. Ça cause des éraflures.

C’est aussi la balancelle sur le porche ou sous le vieil arbre, où le doux mouvement de va-et-vient calme nos angoisses et remue nos souvenirs. C’est l’effet de pendule, qui rythme le temps qui passe. C’est là où l’on se retrouve, tous les deux, un peu plus vieux, main dans la main, ou seul avec nos souvenirs.

La balançoire, comme la vie, est en perpétuel mouvement. Et lorsqu’elle s’arrête, on sait que  c’est la fin du jeu.

fin du jeu

Mon Démon, l’Anxiété

stress

Nous avons tous nos démons intérieurs. Des peurs, des dépendances, des compulsions, des obsessions, des regrets, des peines, et j’en passe. Mon démon à moi, c’est l’anxiété. Nous sommes tous stressés, à un degré ou un autre, mais pour ma part, j’ai élevé l’anxiété à un niveau olympique.

Du plus loin que je me souvienne, j’étais inquiète. Enfant, j’ai vécu avec un méchant loup dans ma garde-robe pendant des années. Je dormais entourée de mes toutous et oreillers comme remparts. L’insomnie faisait déjà partie de ma vie.  Merci au Petit Chaperon Rouge pour le choc post-traumatique! Ensuite, ce furent les maux de ventre pour tout et rien. Examen : mal de ventre. Voyage : mal de ventre. Visite chez le médecin : mal de ventre. J’anticipais déjà des drames improbables.

Adulte, je ne suis pas mieux. Alors que d’autres tombent de sommeil après leur journée exténuante, je commence mon quart de nuit. Angoisse, palpitations, difficultés à respirer, scénarios catastrophes.  Tout y passe. Je dors comme un soldat dans sa tranchée, en constant état de veille. Pourtant, aucune bombe ne risque de me tomber dessus sous peu. Mon petit démon délicatement posé sur mon épaule gauche, à l’opposé de mon petit ange, s’est muté en monstre gigantesque qui me manipule comme un pantin.

Je suis la reine des « j’aurais dû ». Je fais le bilan de ma journée et tout ce qui me vient à l’idée, c’est ce que j’aurais dû dire ou faire dans telle situation. J’aurais dû lui répondre ceci, j’aurais dû faire cela.  J’accroche sur ce qui s’est moins bien passé en oubliant que 90% de ma journée s’est bien déroulée. On m’a fait 5 commentaires positifs et tout ce que je réussis à retenir, c’est cette petite remarque narquoise qu’on m’a lancée.

Je suis aussi la championne des « et si ». Je prévois ma journée du lendemain et les doutes s’emparent de moi. Et si telle personne prenait mal ce que j’ai à lui dire? Et si je dérangeais avec mes questions? Et si mon approche ne fonctionnait pas? Et si je n’arrivais pas à terminer mon dossier dû pour la fin de la journée? Le mal de tête me prend juste à y penser.

Je m’inquiète pour tous ceux qui m’entourent, habituellement de façon exagérée. Je m’en fais pour la planète, le Soudan du Sud,  les enfants maltraités, la situation des femmes dans le monde, le bien-être de mes employés, de mon chum, de ma famille. Je m’en fais tout le temps. Comme si la réalité n’était pas suffisamment stressante, j’imagine des situations encore plus stressantes, qui n’existent pas. On dit que 75% de nos inquiétudes ne servent à rien. Soit parce qu’on ne peut rien faire, soit que la situation est déjà derrière nous, soit que ce qu’on anticipe n’arrive jamais ou qu’on s’aperçoit qu’on est passé à travers mieux que ce qu’on pensait. C’est vrai pour moi aussi. S’inquiéter quand on se retrouve face à un ours, ça a bien du bon sens. Mais s’inquiéter de ce que les autres vont penser, pas mal moins. Et c’est ce que je fais trop souvent. POur que mon demon intérieur prenne tant d’ampleur, il a fallu que je le gave de doutes et d’angoisses.

Ma cassette est usée à force de rejouer la même litanie jour après jour. Et j’en ai marre de l’écouter, cette cassette qui m’hypnotise et m’empêche trop souvent d’avoir du fun sans m’en faire pour un rien. J’envie ceux qui dorment comme des briques et se réveillent frais et dispos le matin, certains qu’ils passeront une bonne journée malgré les pépins. J’en veux à ceux qui disent un bon matin qu’ils ont fait de l’insomnie parce qu’ils se sont endormis à minuit. L’insomnie est un voleur qui revient soir après soir, voler notre sommeil, notre droit au repos et aux rêves douillets. Il nous laisse épuisé et sans énergie, vulnerable au stress. Il est sans pitié et determiné.

Le jour, chaque événement insignificant peut devenir aussi stressant qu’une prestation sur scène. Il faudrait que je « performe » toute la journée, tous les jours. Mon stress permanent fait que j’ai toujours  la noradrénaline, la dopamine et la sérotonine qui fonctionnent au maximum.  Toutes les fonctions de mon cerveau qui activent normalement le plaisir, l’énergie, la motivation, la concentration sont  en panne. Comme le cerveau ne fait pas de différence entre les événements vécus et les événements imaginés, le mien est toujours en état d’alerte. Trop de tension : le court-circuit menace.

On se calme!

Ma vie n’est pas un spectacle où le public a droit de vie ou de mort par des critiques assassines. La vie se passe derrière le rideau, en coulisses. Y’a pas de spotlight sur nous constamment. Y’a que notre spotlight à nous. Notre lumière qui éclaire, soit notre bon profil, soit notre mauvais, selon ce qu’on choisit d’éclairer. Il faut que j’apprenne à tamiser cette lumière de temps en temps, pour une ambiance détente. Avant que le disjoncteur ne saute.

La cassette qu’on se joue dans notre tête, c’est nous qui l’avons enregistrée. Et j’essaie de me créer une nouvelle cassette avec des messages différents qui défileraient dans ma tête. Des messages positifs, calmants, optimistes. Genre : t’es belle, t’es fine, t’es capable. Pas facile quand ça fait 40 ans qu’on répète les mêmes routines, d’en changer tout d’un coup. Ce n’est pas tout à fait comme remplacer notre café du matin par un jus d’orange. Car les pensées viennent toutes seules, quelques fois inconsciemment. Il faut être alerte et présent en soi. Pas évident dans cette vie de fou où les stimuli extérieurs nous harcèlent constamment. Il faut que je prévoie des pauses où je me dis : bon, là, la grande, tu vas arrêter, prendre trois grandes inspirations et relaxer. Et il faut que je le fasse souvent parce que les vieilles pensées reviennent à la charge sans que je m’en rende compte. Je ne suis pas encore capable de me reprogrammer complètement. La preuve, je tentais de faire une relaxation ce matin. J’avais sur mon ordinateur l’image d’une plage avec le son des vagues et je relaxais en me visualisant sur cette plage, tranquille. Puis, tout à coup, un enfant se noie devant mes yeux, c’est le chaos, la panique, il disparait sous l’eau, juste à côté de me moi. Je le cherche frénétiquement… Voilà le genre d’imagination que j’ai en pleine relaxation! Cette fois, c’est raté, il faut le dire.

Pour toutes les instances où on a l’impression d’être inadéquat, incompétent, sans importance, on doit s’efforcer pour trouver des moments où on a été adéquat, compétent et important. Je dois faire cet exercice consciemment, comme on fait un devoir, parce que pour moi, ça ne vient pas tout seul. J’ouvre mon cahier et je fais des listes à chaque jour. Trouve 5 choses pour lesquelles tu as de la gratitude aujourd’hui, Sophie. Pas les mêmes qu’hier. Un appel d’une amie, un bon repas, une bonne lecture, n’importe quoi qui a été positif dans ta journée. Aussi petit soit cet événement. À force de devoir trouver des points positifs différents chaque jour, je commence à manquer d’idées. Alors quand je me lève le matin, je me dis que je vais devoir faire quelque chose de nouveau, pour ma liste. Et je me dis consciemment qu’aujourd’hui, je vais complimenter quelqu’un, appeler ma mère, écrire un mot gentil à une amie, me faire une manucure et trouver que j’ai de belles mains, des trucs du genre. Simple, mais efficace.  Je m’aperçois que plus je me concentre sur le positif, plus je le recherche. Tranquillement pas vite, je crée ma nouvelle cassette, avec de nouvelles paroles où les mots  peur, peine, tourments, inquiétude, abandon, soucis, sont remplacés par amour, plaisir, calme, sourire, bonheur, ami, détente, confiance. C’est cucu, mais ça fonctionne quand je prends le temps de m’y arrêter. J’espère qu’à force d’acharnement, je viendrai à bout de mon démon intérieur qui perdra de sa puissance pour se dégonfler, et que je finirai par m’endormir le soir comme un gros bébé repus , contenté et insouciant.

 

 

DICTONS POUR CYNIQUES

Je me souviens avoir lu ce livre, Aujourd’hui je vais nourrir mon martyre intérieur-Affirmations for Cynics, par Ann Thornhill et Sarah Wells. J’étais sur une plage d’Ogunquit avec mon amie Dominique et nous avions bien ri de ces affirmations cyniques se riant de la pop psychologie qui nous inonde de clichés sur notre enfant intérieur, notre manque d’estime de soi et toutes ces phrases qu’on se dit pour s’aider à être heureux.

Entre autres affirmations : « Aujourd’hui, je vais faire une crise de nerfs pour me sentir vivante! Mieux vaut parler dans le dos des autres que de leur faire de la peine en pleine face. Aujourd’hui, je vais pelleter ma neige dans la cour du voisin. Nonobstant ce que les autres en pensent, ma propension à faire des crises fait de moi une personne théâtrale et intéressante. Aujourd’hui je me répète que je n’ai besoin de personne. Je suis une île. Aujourd’hui, je vais me pratiquer à utiliser le mot « pathétique » pour parler des autres et de leur vie. »

Vous voyez le genre? Inspirée de ce petit bijou de livre, j’ai moi-même concocté mes dictons pour cyniques frustrés, qui je l’espère, vous feront sourire.

Voici un diaporama des dictons cyniques que j’ai concoctés et apposés sur mes photos.

 

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La diète du bonheur

Girls in Human Pyramid

On souhaite à chacun, et à nous même, santé et bonheur. On déploie beaucoup d’énergie à rester en santé ou à retrouver la forme. Diètes, modes de vie sains, exercices, on ne compte plus combien de sites internet  et de livres  nous proposent des façons d’y arriver.

Mais le bonheur, qu’en est-il? Combien de temps passe-t-on chaque jour à l’entretenir? Si on se dit souvent : Bon, qu’est-ce que je fais aujourd’hui pour être en forme? Se pose-t-on la question : Bon aujourd’hui, je fais quoi pour être heureux?

Pourtant, il parait qu’on peut adopter une « diète » du bonheur. Le cours est même enseigné à Harvard et a surpassé en popularité le cours introduction à l’économie. Les professeurs en psychologie positive Shawn Achor et Tal Ben Sharar nous enseignent comment cultiver le bonheur.

De leurs enseignements, il faut retenir que la recherche du bonheur n’a rien à voir avec la recherche du plaisir, qui est lui, est éphémère.  La réussite ne mènerait pas nécessairement au bonheur non plus. En effet, on peut avoir un poste qu’on convoitait depuis longtemps et s’apercevoir que nous ne sommes pas plus heureux.  Mais faire quelque chose que l’on aime mènerait à la réussite.

Des recherches indiqueraient que seulement 10% de notre bonheur serait influencé par nos gènes, nos antécédents familiaux ou nos expériences de vie. 90% serait dû à la manière dont notre cerveau interprète notre vie. Le bonheur serait donc, dans la tête plutôt que dans le pré!

Shawn Achor revisite l’exemple du verre d’eau à moitié vide ou à moitié plein. En effet, si certains optimistes voient le verre d’eau à moitié plein et les pessimistes le voient à moitié vide, les gens heureux auraient plutôt tendance à se dire : peu importe s’il est à moitié vide ou à moitié plein, puisqu’il y a un pichet tout près.  Cette image renvoie à l’analogie des relations sociales. Quand on sera mal pris, il y aura toujours des gens pour nous aider, pour nous ressourcer. De là l’importance des relations sociales, à la base du bonheur.

pichet

Les gens heureux ne voient pas le verre à moitié plein ou vide, ils voient le pichet, symbole du bonheur inépuisable.

 

On comprend l’importance des interactions sociales dans le milieu du travail. En effet, seulement 25% de nos capacités intellectuelles et de nos compétences seraient vraiment importantes au travail. Le plus important serait nos connexions sociales.

bonheurtravail

Les interactions sociales au travail compteraient pour 75% des compétences recherchées.

 

LA DIÈTE DU BONHEUR

J’ai résumé pour vous les étapes à suivre quotidiennement pour avoir une bonne diète du bonheur.

1. Cultiver nos relations avec les autres. Chaque jour, prendre 2 minutes pour se rappeler une interaction positive avec quelqu’un que nous avons croisé dans la journée. Visualiser le souvenir de cette rencontre en nous arrêtant aux détails et au plaisir que nous avons éprouvé au contact de cette personne. En évoquant des souvenirs heureux, le cerveau se développera de nouveaux circuits qui nous amèneront à rechercher ce plaisir évoqué. La visualisation est une grande part de la vie des athlètes de haut niveau qui s’en servent pour améliorer leurs performances. Dans le cas du bonheur, l’approche est la même : conditionner le cerveau à atteindre cet état de bonheur et à rechercher les interactions plaisantes.

Family Eating Christmas Dinner Together

Développer des interactions sociales positives

 

2. Prendre 2 minutes par jour pour dire notre gratitude. Cela peut être en écrivant un journal où on prend le temps de noter les petits plaisirs de la journée : un bon café, une pause au soleil, un compliment reçu ou donné, etc. on prend aussi le temps d’écrire à quelques personnes, un courriel de remerciement ou d’encouragement. Mieux, on prend le téléphone et on appelle une personne dont on n’a pas eu de nouvelles depuis un bout de temps. Encore mieux, on le fait en personne.

Senior woman gardening

Prendre plaisir aux petits moments du quotidien

 

3. Faire des exercices tous les jours. L’exercice procure de la dopamine, la drogue naturelle du bonheur. Elle encourage l’action et la projection d’images positives. L’exercice procure aussi des endorphines, hormones du plaisir et de l’antidouleur.

Elderly Woman Smiling Wearing a Swimming Cap in a Swimming Pool

L’exercice c’est la drogue naturelle du bonheur

 

4. Méditer. Prendre 2 poses de 20 minutes par jour pour méditer ou tout simplement se concentrer sur sa respiration. Les bienfaits de la méditation mériteraient un article tout entier. Si c’est impossible de s’arrêter 20 minutes, prendre 2 minutes à chaque heure pour prendre 3 grandes inspirations. La méditation permet d’être présent en soi, hors du monde. Elle permet de se recentrer et de nous redonner l’énergie nécessaire à notre bon fonctionnement.

Man Meditating on a Rock at the Beach

Prendre du temps pour entrer en soi, hors du monde

 

Comme toute diète, il faut y travailler et y consacrer du temps. Avec de l’entrainement, et une réévaluation de ce qui nous rend heureux, on devrait être plus heureux! Encore faut-il redéfinir notre notion de bonheur.

Si nous avons comme discours que nous serions heureux si  nous gagnions le million, si nous avions telle voiture, tel emploi, tel bonus, nous plaçons notre bonheur dans des événements extérieurs à nous, un peu hors de notre contrôle. Ses stimuli sont externes et leur plaisir ne dure pas longtemps. Il ne faudrait pas attendre après quelque chose pour être heureux. Le bonheur est un choix qu’on ferait quotidiennement. C’est pourquoi il faut prendre plaisir à faire ce que l’on fait présentement.

Le mieux, dans cette diète du bonheur, c’est que ça ne coute rien d’essayer, et ça ne nous demande pas de nous priver de quoi que ce soit!

Je vous propose un site assez fabuleux où toutes sortes d’activités simples nous sont proposées. Journal de gratitudes, images et sons pour méditations courtes, quiz, etc. Le site n’est disponible qu’en anglais mais il est simple et convivial. Vous ouvrez votre dossier et on fait le reste pour vous. Happify.com.

Voir aussi une des conférences en ligne du professeur Tal Ben-Sharar qui nous parle de la théorie des 4 hamburgers.

Ici, Guy Corneau en entrevue au sujet du livre Happines-Le Grand Livre du Bonheur auquel ont participé plusieurs psychologues de la psychologie positive.

Partagez avec nous ce qui vous rend heureux chaque jour!

LA VÉRITÉ SUR LES MENSONGES

mensonge

Le fait est que tout le  monde ment, même les enfants. Ils mentent vers 4 ou 5 ans pour jouer avec les mots, parce qu’ils fabulent encore un peu et s’inventent des histoires rocambolesques, par plaisir ou pour épater la galerie. Ils mentent aussi pour éviter une punition.  Après 7 ans, les enfants mentent plus sciemment. Leur concept du bien et du mal se développe et ils savent faire la différence.  Vers 10 ans, ils veulent être acceptés socialement. Alors ils mentent quelquefois pour faire partie du groupe. À l’adolescence, ils mentiraient à leurs parents une fois sur deux!

Le premier mensonge concret dont je me souviens remonte justement à l’âge de 10 ans. Je jouais aux dards dans le sous-sol de ma tante Georgette et mon oncle Robert. Malhabile, un de mes dards a foncé droit dans un cadre vitré posé contre le mur, un peu plus loin (en fait, pas mal plus loin). La vitre a craqué, comme un pare-brise craque lorsqu’une roche le percute. J’étais mortifiée. Quoi faire? Dire la vérité? Non, mon oncle et ma tante m’en voudraient et ne m’aimeraient plus. J’ai donc caché la situation pendant un long mois. Tout ce temps, j’étais rongée en silence par la culpabilité. Pourtant, personne ne semblait s’être aperçu de mon crime. Toujours est-il qu’après un mois, j’ai craqué et en pleurant à chaudes larmes, j’ai raconté mon drame intérieur à ma mère. Elle m’a dit que ce n’était pas grave, mais que je devrais les appeler pour leur dire la vérité. Ce que j’ai fait. Leur réaction m’a surprise. Pas de drame, pas de cris, pas de remontrances. Ils m’ont dit que ce n’était pas grave et ça s’est terminé là. Et j’ai compris que la prochaine fois, je ferais mieux de dire la vérité au lieu de culpabiliser en silence.

En fait, mon expérience personnelle m’a démontré que les enfants mentent souvent parce qu’ils ont peur d’être rejetés. De leurs amis, de leurs parents, des adultes qu’ils côtoient. Alors au lieu de dire « Mon enfant de ment pas », pourquoi pas se demander POURQUOI il a menti. Une fois la source connue, on pourra solutionner le vrai problème.

Il y a trois sortes de mensonges

Le mensonge blanc : on complimente pour faire plaisir. On veut protéger quelqu’un. L’intention est bonne. Qui n’a pas déjà complimenté un collègue sur sa nouvelle coupe de cheveux qu’on ne trouve pas trop belle, juste pour faire plaisir?

Le mensonge défensif : On ment pour se protéger des conséquences que notre geste pourrait avoir. Punition à l’école ou à la maison. Ce n’est pas moi, je le jure! C’est lui qui a commencé! Je n’ai pas fait exprès!

Le mensonge délibéré : sorte de manipulation délibérée qui a pour but d’épater la galerie, d’influencer notre entourage, de faire faire quelque chose à quelqu’un.  On conte une histoire et on en met un peu plus, pour rendre l’histoire plus excitante. On exagère un peu notre apport dans la réussite d’un projet. On ment sur notre déclaration d’impôts. On se déclare malade pour aller faire du shopping.

Tout le monde ment et nous ne sommes pas mythomanes pour autant. Si notre vie est monotone, on essaie de l’enjoliver. Si notre sécurité n’est pas assurée à la maison, on voudra s’en protéger et on ment pour éviter le pire. Si nous voulons influencer les autres, on omet certaines informations qui ne sont pas à l’avantage de nos idées. Elles passent mieux ainsi. La preuve en est les discours électoralistes. On nous fait miroiter la lune, et nous on veut y croire. En fait, on vote souvent pour le plus menteur, parce que ce qu’il promet nous plait. On s’arrête peu à savoir si les rêves sont réalisables.

Le petit mensonge occasionnel n’est pas grave dans la mesure où il ne cause pas de tords irréparables. Par contre, un mensonge substantiel peut nuire au développement de liens de confiance. Le manque de confiance amène le doute. Et quel parent a envie de commencer à douter de son enfant? Quel amoureux a envie de douter de sa douce moitié? Quel patron a envie de douter d’un employé?

Une belle phrase d’Anais Nin dit : « À la racine du mensonge se trouve l’image idéaliste que nous avons de nous-mêmes et que nous souhaitons imposer à autrui ».

Si votre enfant ment pour être reconnu par ses pairs, il a peut-être un manque de confiance en lui. Il ne s’estime pas assez pour être lui-même et doit beurrer épais pour qu’on le trouve intéressant. Il compare sa vie à celle de ses amis, et trouve la sienne un peu banale. Peut-être est-il sous-stimulé? Peut-être qu’une activité en famille lui ferait du bien? Qu’il ait des choses à raconter qui soient vraies.

S’il ment pour éviter une punition à la maison, peut-être faut-il se demander si la réaction des parents n’est pas un peu trop intense. Il faut alors dédramatiser et donner des conséquences efficaces mais pas traumatisantes. Une excuse, un geste réparateur suffisent la plupart du temps.

Enfin, s’il ment, il faut se réconforter en se disant qu’il est normal, sans pour autant banaliser. On lui explique les conséquences néfastes des mensonges; On aura de la difficulté à la croire la prochaine fois, il faudra qu’il travaille pour rebâtir la confiance. Il faut que l’enfant voie qu’il aura des avantages à dire la vérité. Si on le menace avec une punition trop grande, il n’aura pas envie de nous la révéler. Il aura trop peur des conséquences. On encourage le jeune à dire la vérité, si, lorsqu’il nous la dit, on dose nos réactions et on accepte la vérité énoncée. On lui dit qu’on est fier qu’il ait été assez courageux pour avoir été honnête et on lui montre ce qu’il faut faire la prochaine fois.

En tant qu’adulte, l’important est de savoir pourquoi on ment. Si je m’achète une nouvelle paire de chaussure et que je le cache à mon partenaire, je dois savoir pourquoi. Éviter des remontrances, cacher un problème de surconsommation, éviter une dispute. En fait, c’est ce qu’on évite de confronter qui est le problème. Le mensonge n’est qu’un symptôme que quelque chose cloche. Le pire serait de se mentir à soi-même.

Pour en savoir plus, lire l’article : Les parents et le mensonge

PORTRAITS D’ENFANTS

J’ai croisé des centaines d’enfants dans ma carrière d’enseignante et de directrice. Certains on passé en coup de vent, sans laisser de trace, mais d’autres m’ont marquée. Par leurs talents, leur personnalité, et certaines fois, par leur misère. Les enfants et les jeunes, en général, n’ont pas de voix pour dire leurs peines et leurs secrets. On prend des décisions pour eux, mais pas toujours dans leur meilleur intérêt.

Je vous présente, dans cette chronique, des portraits d’enfants et de jeunes pour leur donner une voix. Parce qu’ils sont importants et uniques.

voyez les portraits de :

Tom roux Rubypunk Nathan pot

 

Claude, 13 ans Schoolboy Struggling with Math Problems

Bonne lecture!

Sophie