Tout le monde et son voisin semblent avoir été intimidés. Il est presque bon ton d’affirmer, aujourd’hui, avoir souffert d’intimidation étant plus jeune. Même Céline Dion raconte qu’elle a été intimidée à l’école (Et c’est vrai. J’ai une collègue qui fréquentait la même école qu’elle et qui se sent encore coupable aujourd’hui de s’être moquée de Céline à l’époque). Ce ne fut pas mon cas. Je n’ai eu que deux épisodes durant lesquels j’ai eu peur de quelqu’un qui me menaçait. Je ne peux donc pas affirmer que j’ai été victime d’intimidation. Enfin, je pourrais, mais je charrierais un peu.
Je vous raconte. J’étais au primaire et j’étais bonne à l’école, Sonia (mon intimidatrice d’un jour) devait être moyenne. Nous n’avions pas beaucoup de cadeaux dans ce temps-là (les magasins à 1$ n’existaient pas vraiment), mais une bonne fois, l’enseignante avait étalé sur une table, des prix à gagner pour un combat de mathématique. (Vous savez, les combats où deux équipes se plaçaient en rangées et où on combattait notre opposant en devant donner la bonne réponse le plus rapidement possible? Lorsque qu’on gagnait, l’autre allait s’asseoir. On combattait jusqu’au dernier survivant. Un peu comme l’ancêtre des Hunger Games. Une activité que j’adorais mais qui a dû disparaitre parce qu’elle faisait trop de victimes.)
Alors Sonia reluquait les prix en salivant, et moi j’étais confiante de repartir avec la banque en forme de hibou, qui me faisait saliver aussi. Je connaissais mes multiplications et j’étais vite sur la gâchette. Ce matin-là, à la récréation, Sonia (bâtie comme une armoire à glace) est venue me voir pour me dire que si je gagnais un prix, j’allais devoir le lui donner après. Quelques menaces bien senties à mon endroit (j’étais quand même la plus petite de la classe, toujours la première dans les rangs de grandeur) ont suffi à me rendre très anxieuse. Inutile de vous dire que mon cerveau a été occupé à me demander quoi faire dans cette situation nouvelle pour moi. J’ai bien pensé faire exprès pour perdre, mais c’était plus fort que moi, j’aimais la compétition. Presqu’à mon corps défendant, j’ai alors remporté la première place. J’étais donc la première à choisir et mon hibou me faisait de l’œil. Je savais pourtant que j’allais devoir le donner à l’armoire à glace si je tenais un peu à garder ma face intacte. Plantée devant la table et ses offrandes, un éclair que j’oserais qualifier de génial m’a frappé. J’ai vu le disque 45 tours d’une chanson quétaine qu’on avait apprise un peu plus tôt et dont l’enseignante avait dû vouloir se débarrasser. Un triste objet que personne n’avait même remarqué. Et je l’ai choisi non sans lancer un dernier regard sur mon hibou que j’abandonnais, presque comme une mère abandonne son enfant à l’orphelinat. L’enseignante m’a regardée, très surprise et m’a demandé si j’étais bien certaine d’avoir fait le bon choix. J’ai dit oui (même si ma face devait exprimer tout le chagrin que j’avais). Et avec le motton, j’ai levé les yeux sur Sonia. Elle avait l’air déconfit.
L’armoire à glace est revenue me voir après la classe et m’a demandé pourquoi je n’avais pas choisi le hibou (enragée, bien sûr). Je lui ai répondu que la prochaine fois qu’elle voulait quelque chose, elle n’aurait qu’à le gagner par elle-même. Je lui ai tendu le piteux 45 tours d’un air totalement désintéressé comme si je garrochais une cenne noire dans une fontaine. Elle l’a refusé. Sonia ne m’a plus jamais taxée. J’ai gardé mon prix. J’avais eu ma douce-amère revanche.
J’avais 12 ans. J’étais assise dans un cours de catéchèse. Une de mes boucles d’oreilles était tombée et madame Lise, mon enseignante, m’avait aidée à la remettre. Ça faisait mal et je grimaçais. Puis elle m’a dit : Faut souffrir pour être belle.
Allez savoir pourquoi cet événement banal a marqué ma mémoire. Peut-être parce qu’avec leurs 180 élèves, les enseignants du secondaire n’avaient pas souvent le temps de s’attarder à moi. Ils devaient déjà perdre un temps fou à remettre à leur place les élèves les plus dérangeants. Après ça, il fallait bien qu’ils transmettent leurs savoirs. Et du temps, il n’en restait plus pour les autres.
Faut souffrir pour être belle. Cette phrase toute faite, je l’avais prise comme un compliment et mieux, comme un sophisme. J’avais souffert, j’étais donc belle. Ça m’a marquée, et je m’en souviens encore aujourd’hui, beaucoup plus tard. C’est d’ailleurs les seuls souvenirs qu’il me reste de ce cours : ce compliment, et madame Lise que j’ai aimée encore plus à partir de ce moment.
Je pense que ça m’a marquée, parce qu’à ce moment même, devant toute la classe, je m’étais sentie reconnue, approuvée. Je m’étais sentie quelqu’un. Et je m’étais sentie jolie. Quoi de plus important, à 12 ans?
Encore aujourd’hui, les compliments que je reçois me font du bien. Parce que certains matins, on se lève avec l’égo tout petit, ratatiné et on a besoin de se le faire gonfler un peu. Les compliments, ça nous insuffle comme une brise dans les voiles.
Et je ne parle pas de flatterie qui quelquefois, ne sert qu’à celui qui nous flatte. Je parle d’un compliment sincère qui se donne sous la forme d’un encouragement, de félicitation ou d’une tape dans le dos.
Et ça prend 100 tapes dans le dos pour effacer une claque dans la face. Doctor Phil dit que ça en prend mille, mais ça, c’est pour une très grosse claque.
Dans mon travail, je côtoie au quotidien des enfants et des adolescents qui n’ont pas reçu beaucoup d’encouragements dans leur jeune vie. Ils se trouvent poches et moches. Ils se promènent le dos courbé, les yeux au sol. J’essaie de leur gonfler les voiles un peu, chaque fois que je les vois. Même si comme directrice d’école, je ne suis pas celle qu’on vient rencontrer sans y être un peu obligé et sans une petite crainte, j’essaie de trouver un point positif à chacun. Pour qu’ils se sentent reconnus et capables. Ça ne coute rien, un compliment et je sais que ça fait du bien. J’exige quelque chose d’eux, un meilleur comportement, la politesse, un moins haut taux d’absentéisme, peu importe, mais en retour, j’essaie de leur montrer que je crois qu’ils ont ce qu’il faut pour y arriver.
À une adolescente enragée, je peux dire qu’elle est tellement jolie quand elle sourit. À un autre qui s’oppose sans cesse, je peux dire qu’il a la répartie facile et qu’il ferait un bon avocat. À un autre qui a été abusé, je peux dire qu’avec toutes les difficultés qu’il a vécues, je le trouve courageux et qu’il peut briser le cycle. Bref, je fais mon possible pour planter une petite graine qui saura peut-être pousser et s’épanouir entre les craques de leur vie asphaltées.
Et j’espère juste qu’un jour j’aurai fait pour l’un d’eux ce que Madame Lise a fait pour moi; me faire sentir que j’existais et que j’étais quelqu’un qui n’avait besoin que d’un petit compliment pour se sentir grande.
Pour savoir si vous avez un égo démesuré, faites le test sur le lien suivant: Test: égocentrique: Avez-vous l’égo démesuré? Selon vos réponses au 13 questions, vous saurez si votre égo est trop modeste, trop envahissant, en dent de scie ou à la bonne taille.
Et vous, avez-vous souvenir d’un compliment qui vous a regonflé les voiles? Partagez-le.
Le titre de ce billet est tiré d’un reportage de TF1 sur le Québec appelé « Au Pays des Caribous » mais aussi bien surnommé « Pire Reportage sur le Québec ». L’équipe de journalistes G. Debré M. Derien et A. Geoffroy nous y décrit un Québec pittoresque, isolé du monde et enseveli sous 4 mètres de neige 8 mois par année. Très poétique, mais bourré d’erreurs sur les faits. Quant à moi, je me rejoue le clip quand j’ai envie de rire un bon coup. Pour savoir ce dont je parle, je vous suggère de le visionner. Au pays des Caribous.
Pas pour crever votre bulle mais :
Sans ses Husky, l’homme est perdu. Personne au Québec ne se fie sur quel qu’animal que ce soit pour se déplacer. On fait bien des tours de carrioles tirés par des chevaux, à l’occasion (Noël ou cabane à sucre), mais pour le reste on se déplace en automobile, vélo, autobus, mobilette, comme dans tous les pays développés. La plupart des Français qui viennent au Québec l’hiver pratiqueront la motoneige mais il y a fort à parier qu’ils ne rencontreront pas l’Homme et son Husky.
Pays de caribous…J’en ai bien vu un ou deux au zoo de St-Félicien, mais il est rare que j’en croise un dans le coin. Si vous apercevez un caribou durant votre séjour, dites-vous que vous êtes très chanceux et probablement perdus dans un bois. Par contre, ne soyez pas surpris si vous voyez des chevreuils, des renards, des hiboux, des vaches et chevaux. Ils sont nombreux et couvrent une grande partie du territoire.
-25 degrés, une chaleur hivernale. Ben oui, toi! Quand on regarde pourtant les statistiques québécoises, les moyennes hivernales oscillent entre -6 et -10 degrés. On a bien eu un record de froid le 23 janvier 1976 avec un -49.1 (avec le refroidissement éolien). Mais on ne se promène pas en cagoule, bottes de loup marin, couverts de peaux d’ours. Si vous voulez vous déguiser en Québécois, le manteau, la tuque, bottes et mitaines modernes feront l’affaire.
4 mètres de neige, 8 mois par année. C’est plutôt la moitié moins de neige, et cela, étendu sur 6 mois de l’année, particulièrement de décembre à mars. On a un vrai automne, un vrai printemps et un vrai été.
Le québécois qu’on voit sur la vidéo, trop content de pelleter la neige dans son entrée ne représente pas le québécois moyen. Celui-ci paye souvent un déneigeur (équipé d’une grosse souffleuse à neige et non d’une pelle), et se sauve dans le sud s’il le peut pour échapper à l’hiver au moins une semaine. Pelleter n’est pas un passe-temps très apprécié pour la grande majorité.
Chers amis étrangers, je ne voudrais pas crever votre bulle, mais vous seriez mieux de vous informer avant de venir au Québec pour y faire du chien de traineau, observer les caribous et grimper les chutes Montmorency gelées. Vous aurez certainement du plaisir dans le vrai Québec moderne, invitant et plein d’attraits touristiques accessibles au commun des mortels. Des activités qui représentent de façon plus réaliste, ce qu’on fait au Québec l’hiver.
Bref, le reportage sans crédibilité, mais très drôle, que je qualifierais de publicité, nous vend un beau Québec invitant. Sauf que c’est de la fausse publicité. Les faits sont erronés. Seules les images sont authentiques. Bravo au caméraman.
En fait, cela me fait penser à toutes ces pubs sur les destinations soleil où on ne voit que des gens heureux sur la plage. Fort à parier que si on nous montrait la vraie vie, tout à côté du paradis, avec sa pauvreté, sa criminalité, ses petites horreurs du quotidien, on n’aurait pas envie de s’y ruer. On veut voir le beau, comme une carte postale et la vidéo est belle. Mais n’appelez pas ça un reportage s.v.p.
Vous voulez savoir ce qu’on fait vraiment en hiver au Québec? Lisez ceci.
Le bonheur, c’est r’trouver sa route après avoir erré. Le bonheur, ça s’fout de toé des fois, pis ça t’rend visite à l’improviste, quand tu l’attends pus. Ça t’ fait tanguer, ça t’étourdit. Ça t’donne le goût de rire pis d’pleurer en même temps.
Le bonheur, c’est ton père qui t’montre à pédaler, ta mère qui vient t’border. Le bonheur c’est trouver une piasse dans la poche d’un vieux jeans. C’est un A+ sur un examen. C’est p’t-être aussi un C quand tu pensais avoir D. C’t’un compliment qui m’ fait du bien parce qu’y vient d’toé. C’est « Manon love Marcel » gravé sur un vieux tronc d’arbre. C’t’un après-bal des finissants.
Le bonheur, c’t’un pèlerinage, une marche dans l’bois. Un long voyage ou un p’tit sentier pas loin d’chez vous. Ça t’coupe le souffle mais ça t’oxygène. Des fois c’t’un marathon, des fois c’t’un sprint. Ça t’donne le goût de pousser une porte pour voir ce qu’y s’cache d’l’autre bord.
Le bonheur, c’t’un parfum de lilas qui dure pas long. C’est l’odeur du pain chaud qu’on sort du four. C’t’un smoked meat sur la « main » ou d’la crème glacée su’l bout du nez. C’t’un sucre à crème. Pis crisse que c’est bon!
Le bonheur, C’t’une bataille d’oreillers, des rires qui s’échappent des ruelles. C’est prendre la plume, dessiner des cœurs, griffonner des Je T’aime. C’est niaiseux d’même. C’est un « Crazy Carpet » qui t’fait perdre ta tuque. C’est pogner un poisson pis le r’mettre à l’eau. C’est d’rentrer dans sa robe de mariée après avoir eu deux bébés.
Le bonheur c’est caché en d’sous d’une roche qu’on soulève. C’est une main tendue que tu peux agripper. C’t’une lanterne chinoise lancée du bout du quai. C’est jouer d’la cuiller, dire des conneries. Ça zéro calorie, le bonheur. Le bonheur, c’est juste de vivre un jour de plus. C’est Juste ça. C’est tout’. Le bonheur, y vient mais y reste pas longtemps. Faque tu l’prends su’l pouce quand y passe. Pis tu y dis merci.
Le roux, cette espèce rare, évolue dans les landes pluvieuses du Nord de l’Europe où il constitue 4 à 6 % de la population. Bien qu’on en retrouve sur le reste de la planète, il ne constitue que 1 à 2 % de toute l’espèce humaine. Les études à son sujet prédisent même sa disparition complète d’ici une centaine d’années. On le reconnait facilement à la couleur de son pelage qui passe du doré à l’orangé, à ses taches de rousseur qui tapissent sa peau très blanche et à sa sensibilité au soleil. On le dit fougueux et rusé. Toutefois, ce serait un animal mal aimé. Certaines mères souhaiteraient même que leur rejeton, surtout s’il est mâle, ne naisse pas roux.
Cette description, digne du National Geographic aurait pu être écrite au sujet des rouquins, au IVème siècle lorsqu’une théorie fumiste aurait associé les traits des hommes à des animaux. La zoo morphologie a attribué aux roux, le renard et le porc! Le renard étant fourbe et le porc étant sale et lubrique, ce serait là que les préjugés auraient pris naissance. Les roux, parce que leur chevelure rappelait la couleur du feu, reliée à l’enfer, ont longtemps été diabolisés. On accusait les rousses de sorcellerie. Harry Potter est-il la preuve que le mythe des sorcières rousses est toujours de mise? Ben non, ça adonne de même!
Le stéréotype qui m’a le plus étonnée? Les roux pueraient. C’est vrai, bien sûr, comme tout ce qu’on lit sur internet. Oui, on a un gène qui produit du sulfure d’hydrogène, un poison nauséabond qui, inhalé en grande quantité, peut provoquer la dégénérescence du nerf olfactif (ce qui n’est pas mal, car alors, vous ne sentirez plus la puanteur des roux), des pertes de consciences et même la mort! Tenez-vous le pour dit : se mettre le nez sous les aisselles d’une rousse en chaleur peut entrainer de graves conséquences pour votre santé. Et pour les roux, cette arme est étrangement utile afin d’éloigner les attardés.
Trêve de plaisanteries. Le plus grand scandale concernant les roux est provenu du groupe Cryos, une banque de spermes qui refuse maintenant les donneurs roux, prétextant que l’offre est trop forte pour la demande. Les futurs parents ne désirent pas tant pas donner naissance à un bébé roux. De l’anti-roussisme (une expression que je viens de découvrir) ou une démarche purement capitaliste? Beaucoup de bruit pour rien, à mon avis. Les parents veulent des enfants qui leur ressemblent, c’est tout. Et comme ils ne sont probablement pas roux, ils trouveraient détonnant sur le portrait de famille, qu’un joli minois roux tranche considérablement avec leur chevelure brune. Ce même couple refuserait-il un enfant blond? Ça, c’est une autre question, pour un autre billet. Je m’inquiéterai encore un temps des enfants qu’on jette parce qu’ils sont nés de sexe féminin, avant de capoter sur un business qui offre ce qu’on lui demande. J’espère seulement qu’avoir un bébé en santé vient encore au premier rang des espoirs parentaux.
En faisant ma recherche pour ce billet, je me suis vite rendue compte que le sujet soulevait bien des passions. À ma grande surprise, de nombreux sites d’anti-roux ont déjà vu le jour, après quoi ont poussé comme des champignons, des sites qui se portent à la défense des roux. Vraiment? Pas d’autres causes à dénoncer ou à défendre? La traite des femmes, le travail des enfants, la violence, les états totalitaires, la guerre, les famines, la corruption, le crime organisé, l’analphabétisme, ça ne vaut pas de partir des mouvements? Faut pas virer fou. Les roux n’ont jamais vécu l’esclavage, jamais un roux n’a dû utiliser de toilettes leur étant réservées et jamais on n’a mis le feu à un autobus rempli de roux. Les roux ne sont pas une cause à défendre. Si le pire qui peut arriver à un roux, c’est de tomber sur une carte de Noël qui dit « le Père Noël aime tout le monde, même les roux », on peut en rire. Le Père Noël n’existe même pas, who cares qui il aime!
Un jeune ado de 14 ans a même créé une page Facebook intitulée Journée nationale des coups de pieds aux roux. Imaginez-vous donc, que 5000 fans se sont vite inscrits et que le 20 novembre 2008, plusieurs en ont profité pour mettre leur pied au cul de pauvres roux à leur portée. Le jeune a fait ses excuses, le site a été fermé. Il avait été « inspiré » par un épisode de South Park où Cartman partait en guerre contre les roux. Un autre exemple qui montre qu’un bon pourcentage de la population manque un brin d’intelligence pour comprendre que l’humour, c’est fait pour être drôle, pas pour être pris au sérieux. Et je ne parle pas spécifiquement de l’ado qui a fait une blague de très mauvais goût, mais des 5000 « cromos » qui l’ont pris au pied de la lettre. Encore une chance que personne n’ait encore pensé à créer une journée « Frappe un stupide » car on serait probablement en pleine guerre civile.
Le seul vrai désavantage à avoir le gène de la rousseur, c’est le redoublement du risque d’être atteint d’un cancer de la peau. Alors, les roux, protégez du soleil votre peau laiteuse.
Éloge du roux
Ceci dit, je suis rousse. Pour moi, être rousse, c’est comme mesurer 5 et 3. Ça fait partie de moi et de ma personnalité. Je n’ai jamais été complexée d’être rousse et je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse en souffrir.
Petite, j’étais très rousse et rousselée. Pourtant, un seul ami m’a surnommée « carotte » et il le faisait avec tellement de tendresse, que j’aimais ça. Le grand-père de ma meilleure amie d’enfance m’appelait aussi, affectueusement, son « gros bébé roux ». C’est devenu un peu plus gênant lorsque j’ai atteint l’adolescence, mais cela reste pour moi de bons souvenirs. À propos de mes éphélides (taches de rousseur), il y avait bien un « mononcle » pour me dire « t’es-tu fait griller à travers un scrigne? » (t’es-tu fait bronzer à travers un grillage). Des taquineries affectueuses, que je n’ai jamais prises pour des insultes au point de me frotter des tranches de citron dans le visage pour effacer le tout. À une époque ou tout un chacun se dessine des tatouages pour agrémenter leur épiderme, nous avons l’univers entier tatoué sur le corps à coups de picots lumineux.
Pour le reste, j’ai toujours reçu des compliments sur la couleur de ma tignasse. C’est peut-être pour ça que je perçois ma rousseur comme une chance. En effet, quand les « madames » payent pour essayer d’obtenir ta couleur de cheveux, ça te solidifie une confiance en soi. Quant à moi, j’ai certainement économisé quelques milliers de dollars en teintures.
Je fais partie d’une minorité d’humains qui ont la particularité d’être un peu plus orangé que la moyenne. Au Québec, nous sommes peut-être 1% de la population, mais comme beaucoup de femmes se teignent en rousses, nous n’avons rien de si exotique. Je trouve particulièrement intéressant de vous dire que dans l’école où je travaille, nous sommes environ 35 personnes, et parmi elles, nous sommes 5 vraies rousses. Par contre, nous sommes aussi 5 à être dans la quarantaine, 5 à être Gémeaux, 5 à aimer la pizza. Encore là, ça adonne de même.
Par contre, je me souviens être allée dans des pays arabes où ma couleur de cheveux n’avait rien de banal et fascinait les africains. Je me souviens aussi être allée en Irlande et m’être sentie tellement chez moi parmi tous ces rouquins! Là-bas, on aurait dit que tout le monde était roux et j’ai ressenti un sentiment d’appartenance assez surprenant. Même les Irlandais me prenaient pour l’une d’eux. Ce n’est seulement que lorsque j’ouvrais la bouche et que je leur sortais un « Ha wa you » bien accentué, qu’ils constataient que j’étais peut-être rousse, mais pas nécessairement des leurs.
Puisqu’être roux relève de la génétique, et que les roux font des enfants avec des bruns, en majorité, il y a de fortes chances, je dirais qu’il y a de fort risques, que les roux disparaissent effectivement d’ici 100 ans. Si cette situation ne semble pas affecter les non-roux, les roux, eux, prennent cela au sérieux. Surtout aux Pays-Bas, où un festival est né en l’honneur des roux. Ils ont ainsi créé la journée mondiale des roux et défilent dans les rue de Breda, en Hollande pendant ce festival orangé. Pourquoi pas? On a bien des festivals de jumeaux! Le mouvement « Ginger Pride » est aussi né en Angleterre. C’est bien d’être fier, mais vous ne me verrez pas de sitôt en pèlerinage aux Pays-Bas ou dans un défilé de roux.
Je suis même tombée l’autre jour, sur une série web : Les roux. Des capsules humoristiques mettant en vedette des roux qui s’amusent avec les stéréotypes. En voici un extrait à regarder si vous avez le sens de l’humour. http://www.kebweb.tv/lesroux/bande-annonce
Il y a aussi des mythes positifs sur les rousses. Les rousses chaleureuses, passionnées, pulpeuses. Un stéréotype pas trop déplaisant incarné à la perfection par l’actrice Christina Hendricks dans la populaire série Mad Men. Une fausse rousse, en passant. Exploitez donc le côté positif de votre sort: on ne vous perd pas dans une foule, vous vous distinguez de la masse, on envie votre teinte en secret, vous mettez un peu de couleur à notre décor et vous sauvez des milliers de dollars en teintures! De plus, on vous imagine comme une bombe sexuelle. Que demander de plus?
Messieurs, bien que je crois qu’être roux est plus difficile pour vous que nous autres, les filles, je pense aussi que votre heure de gloire a sonné. Le roux le plus sexy du monde, actuellement, est l’acteur Michael Fassbender. Il n’a rien à envier aux bruns ténébreux.
Chers roux et rousses, célébrez-donc votre tignasse de feu ou de soleil couchant et exhibez-la fièrement, effrontément. Elle fait partie de votre unicité. Elle évoque la chaleur, l’énergie, la lumière, la passion, la vivacité. Si vous êtes vraiment, mais vraiment complexés et que vous êtes pompés à la lecture de ce texte qui aurait dû vous faire sourire, teignez-vous en brun ou en blond. Rien de plus simple! Et de grâce, développez un sens de l’humour! Il vous servira dans d’autres sphères de votre vie qu’il faudra prendre avec un grain de sel, ou de paprika, pour ceux qui préfèrent l’orangé! Après tout, nous aurons disparu d’ici 100 ans. Autant en profiter! Il paraît même que les taches de rousseur font leur come back. En savoir plus avec cet article du Huffington Post.
Je fais partie des chanceux qui peuvent s’arrêter pour une semaine de relâche en mars. Si vous êtes comme moi, vous avez tellement tiré sur l’élastique que là, vous sentez que si vous ne vous arrêtez pas, ça va péter. Vous pensez à cette semaine de rêve depuis des lunes et vous vous en promettez de toutes sortes. Vous planifiez votre semaine. Je vais aller au spa. Je vais profiter de ce qu’il reste de l’hiver pour aller patiner sur la rivière. Je vais faire de longues promenades en forêt, en raquettes. Je vais me préparer des bouffes orgiaques. Je vais lire, je vais profiter des joies de la vie. Je vais m’enfuir au soleil.
C’est ce que je me disais aussi. Je n’ai pas d’enfants, alors vous penseriez que je suis libre de faire ce que je veux. Eh! Bien pas vraiment. Je suis tellement exténuée et vidée, que je n’ai aucune envie de faire du patin, du shopping ou de la bouffe.
Ce dont je rêve en ce moment, c’est de me répandre sur le sofa, à regarder des films et me bourrer la face de sucre et de sel. Je rêve de ne pas avoir à me maquiller le matin, à ne pas porter de soutien-gorge, à m’habiller mou. Je rêve de boire du vin et d’avoir la paix. J’en peux pu de devoir sourire toute la journée. J’peux-tu avoir l’air bête une heure sans me sentir coupable?
En fait, je rêve d’une semaine où il ne se passera rien, enfin. Parce que de l’action, j’en ai à revendre dans mon quotidien. Là c’est le moment où je peux enfin prendre 4 cafés avec du Bailey’s dedans, en pyjama, à fureter sur le net et à regarder des niaiseries. Mettre mon cerveau à « off ». Me faire livrer ma bouffe et me laisser pousser le poil su’é jambes. Une semaine entière pendant laquelle je n’aurai pas peur, si le téléphone sonne, que ce soit une urgence à régler ou une mauvaise nouvelle au travail. Une semaine où je n’ai rien à l’agenda et où je ne planifie rien!
Oui, pour la relâche, je rêve d’une semaine plate. Pour pouvoir repartir en fou le 10 mars et recommencer à sourire aux gens sincèrement, sans avoir envie de les envoyer valser. Pour recommencer à tirer sur un élastique neuf qui tiendra le coup jusqu’aux prochaines vacances.
Je m’appelle Sophie, et bien que j’occupe un emploi de directrice d’école (après avoir enseigné une dizaine d’années), je me vautre également dans la photographie, l’écriture, et je redonne une seconde vie aux vêtements de luxe et tout-aller dans ma friperie en ligne, Les Rescapés.
Sur ce site je publie mes billets d’humeurs, coups de cœur ou coups de gueule, et des idées de décos recyclées et des billets sur les tendances mode de l’heure.
J’ai écrit quelques articles pour La Presse et Clin D’Œil à titre de rédactrice pigiste. Et quelques uns de mes textes ont été primés ou publiés chez d’autres éditeurs tel LURELU. Par contre, les textes sur ce site sont publiés à titre personnel. Mes propos ne sont liés et ne représentent en aucun cas, les idées de mon employeur.