enseignant

ADIEU MONSIEUR LE PROFESSEUR

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En cette fin d’année scolaire où tous les enfants sont fébriles et quittent pour les longues vacances d’été, j’ai envie de rendre hommage aux quelques enseignants que j’ai eu la chance de côtoyer tout au long de mon cheminement scolaire.

Je ne parlerai pas ici de madame Cordeau, qui m’avait mise dans le corridor en maternelle parce que je n’avais pas fermé les yeux durant la sieste de l’après-midi. Ni de monsieur Cournoyer, qui m’avait traitée de catin en secondaire un, la plus grande insulte qu’on pouvait me faire.

Non, je vais parler de Madame Nicole, qui était si belle et si gentille et qui m’a donné le goût d’apprendre, en première année, juste pour lui plaire.

Je vais parler de madame Lise, celle qui m’a dit qu’il fallait souffrir pour être belle en première secondaire. Madame Lise qui enseignait la catéchèse. Qui nous a raconté l’histoire d’Helen Keller, sourde, aveugle et muette. Madame Lise dont je buvais chaque parole. Celle qui m’a fait développer de l’empathie pour les autres.

Je vais vous parler de monsieur Joly, le meilleur enseignant de mathématique au monde, qui inventait des mises en situation en nous utilisant comme personnages de ses problèmes. Un pince sans rire qu’on adorait. Quelqu’un avec qui on avait du plaisir à apprendre. Il n’a pas fait de moi une amante des chiffres, mais il m’a fait comprendre que toute matière peut s’avérer intéressante dépendamment de qui l’enseigne.

Je vais vous parler de monsieur Joseph, mon enseignant de latin. Passionné jusqu’à la moelle de l’histoire des Grecs et Romains, et de la langue. Il nous captivait juste avec sa ferveur. J’ai pensé à lui quand je suis allée visiter Rome. Il me l’avait si bien décrite. C’était un vrai maître d’école. Droit, cultivé, compétent.

Je vais vous parler de madame Guévremont, une enseignante d’anglais avec qui on avait appris les chansons Stairway to Heaven et Billy Jean. Ses cours étaient trop cool. Une femme dont je me suis moi-même inspirée pour enseigner l’anglais, plus tard.

Je vais vous parler de monsieur Villiard, enseignant de géo qui nous décrivait ses voyages dans les Bahamas,  et avec qui j’ai d’ailleurs effectué un voyage en voilier, des années plus tard alors que j’étais devenue sa collègue de travail. Un périple sur le lac Champlain, avec mon ancien enseignant et de nouveaux collègues.  Il m’a transmis le gout de l’aventure.

Je vais vous parler d’une professeure de français, à l’université, dont j’oublie le nom, mais qui nous a appris à analyser la littérature enfantine, à développer notre jugement critique et à comprendre le deuxième degré d’un texte. Je me souviens qu’elle semblait assez âgée mais qu’elle portait des soutiens gorges noirs sous ses chemises blanches transparentes. Et toujours des talons très hauts. Une femme sûre d’elle. Une femme qui m’a donné le goût de faire de hautes études et de lui ressembler en quelque sorte. Goûts vestimentaires en moins.

Je me souviens aussi de ce qu’une autre enseignante, chargée de cours nous avait  dit un jour : peu importe ce qu’on vous enseigne, doutez, questionnez. Ne prenez rien pour acquis. C’est probablement la phrase la plus importante qu’on m’ait dite. Après s’être fait bourrer le crâne toutes ces années, à apprendre par cœur des trucs qu’on oubliait aussi vite l’examen passé, c’était rafraichissant de savoir qu’on avait la permission, le devoir même, de questionner.

Plus que le contenu des cours que j’ai suivis, c’est la personnalité de mes enseignants qui m’est restée le plus en mémoire. C’est la relation que j’ai eue avec eux. Le goût de les aimer ou pas. C’est pourquoi aujourd’hui, je dis à mes enseignants : peu importe la tâche, la matière, le plus important c’est de créer le lien avec vos élèves. De vous intéresser à eux, de livrer un peu de vous-même. S’ils vous aiment, ils voudront apprendre. Ils oublieront peut-être le contenu de vos cours, mais ils ne vous oublieront pas. Ils n’oublieront pas la fois où vous les avez consolés, la fois où vous les avez fait rire. La fois où vous les avez écoutés. La fois où vous leur avez fait un câlin. Le contact humain, c’est ce qui restera gravé dans leur mémoire.

Et quand je vois les élèves de sixième année de mon école quitter pour les vacances en pleurant à chaudes larmes, je sais qu’ils n’oublieront pas leurs enseignants et qu’ils en garderont de merveilleux souvenirs. Et quand ils chantent en chœur « Adieu monsieur le professeur », c’est avec les larmes dans la voix et une peine sincère.

Chapeaux aux enseignants et enseignantes, où que vous soyez. Vous faites un des métiers les plus importants au monde. On ne vous oubliera jamais.

Visionnez la vidéo de la Chanson d’Hugues Aufrey: Adieu Monsieur le Professeur.

Je vous invite à lire l’article, La Vérité sur les Enseignants, en lien avec ce texte.

Si vous avez gardé un bon souvenir d’un enseignant, partagez-le avec nous!

SUR LES BANCS D’ÉCOLES

Je suis directrice d’école et j’ai enseigné pendant longtemps. Tout ce qui touche l’éducation me passionne. Vous trouverez ici des articles sur les recherches en éducation, sur les projets qui se font dans les écoles, les gens qui y travaillent, les psychologies de l’apprentissage.

Des textes comme

5 ASTUCES POUR FAIRE DE MEILLEURES PHOTOS

LA VÉRITÉ SUR LES ENSEIGNANTS

LES PARENTS ET LE MENSONGE

LA VÉRITÉ SUR LES MENSONGES

LA DIÈTE DU BONHEUR

ADIEU MONSIEUR LE PROFESSEUR

PORTRAITS D’ENFANTS: RUBY, 14 ANS

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Ruby portait très mal son prénom. Un punk /skinhead de 14 ans, qui n’avait rien d’une pierre gemme chic. J’avais tout  juste fêté mes 21 ans et j’entamais  mon premier contrat  comme enseignante en anglais au présecondaire. Une classe d’environ 16 élèves qui n’avaient pas réussi leur primaire et n’avaient pas vraiment eu de cours d’anglais avant le mien.  J’avais décroché le contrat parce que le prof avant moi avait donné sa démission. Tout un contrat.

Ruby, donc, était un des élèves de cette classe.  La première phrase qu’il m’a lancée en entrant en classe au mois d’août : Salut Boucle d’Or! Ça commençait mal. Cet élève de 14 ans venait, en une seule phrase, de me faire sentir comme une petite fille devant lui. Moi qui voulais avoir l’air professionnel. Malgré ses 14 ans, Ruby passait ses fins de semaines à Montréal, sur la « main », à faire le squidgy avec d’autres skinheads. Il était arrivé à l’école le lundi avec son furet sur l’épaule. J’avais devant moi, un premier défi. Quoi dire à un élève qui a un furet sur l’épaule en classe? Où voulez-vous qu’il mette son furet?  Il était futé ce Ruby. Il se doutait certainement que les furets n’étaient pas acceptés dans les classes et devait se dire que je l’expulserais et qu’il pourrait flâner toute la journée. Mais c’étaient les premières minutes de mon premier contrat. Je n’étais pas pour expulser un élève à peine 5 minutes après la première cloche. Je dis donc à Ruby qu’il pouvait garder son furet pour cette période, mais que je ne voulais plus jamais le revoir après. Ruby sembla déçu de ma réaction ou de mon absence de réaction. Je crois que je venais de remporter la première manche.  Étonnamment, Ruby n’emmena plus jamais son furet en classe. Moi qui m’étais cassé la tête entre mon premier cours et le deuxième à me demander quoi faire s’il ramenait sa bestiole. J’avais même trouvé une petite cage que j’avais apportée à l’école et mise dans un dépôt, au cas où.  S’il la rapportait, je mettrais la bête dans une cage, dans le dépôt! J’ai vite compris que c’était comme ça, avec des élèves difficiles. Il fallait se tourner sur un 10 cents, développer des stratégies pour contrer les leurs.  Ils trouvaient toutes sortes de plans pour nous faire sortir de nos gonds et nous faire perdre le contrôle. Ça été mon premier défi : ne pas perdre le contrôle.

Inutile de vous dire que Ruby ne trippait pas sur l’école ni sur les cours d’anglais. Ruby avait vécu 20 vies, alors que j’étais jeune et inexpérimentée. Je ne faisais pas le poids devant son expérience. Je n’avais aucune idée de ce qu’il pouvait vivre. Son univers était à 1000 km du mien. Pourtant, chaque fois qu’il entrait en classe, je lui posais des questions sur son weekend. Et il prenait plaisir à me traumatiser avec ses histoires de rues.  J’étais fascinée. Comment un jeune de 14 ans pouvait vivre ça? Je n’ai peut-être pas montré grand-chose à Ruby dans le domaine des langues, mais Ruby, lui m’a appris beaucoup sur mon métier d’enseignante. J’ai vite appris sur le tas, que ce n’est pas parce qu’on prépare de belles activités supposées motiver les élèves à apprendre, que ça fonctionne.  Par contre, si je donnais un peu d’attention à mon skinhead, il me permettait de donner mon cours sans m’embêter. On dirait qu’on avait un accord tacite. Je m’intéressais à lui, il me laissait enseigner.  Pourtant, mes petites activités sur Noël et l’Halloween, il s’en foutait-tu vous pensez?  Quand tu passes tes fins de semaines à coucher dans des piqueries, à quémander  de l’argent aux passants pour te droguer, les chansons de Nowel, c’est loin de tes champs d’intérêts.

Et intéresser mes élèves, c’était ma première mission. Ma seule, en fait puisque tout le reste dépendait de leur intérêt. Je me suis donc mise à inventer des textes où mon personnage s’appelait Ruby, (ou un nom d’un autre élève de la classe). J’ai mis en scène son personnage à Montréal. Je parlais de la rue Ste-Catherine. Et ça fonctionnait! Quand j’incorporais un élément dans mes activités, qui lui parlait, il était toute-ouïe.  Le reste du temps,  il nous observait, moi et le reste de la classe, comme si nous étions tous un peu attardés. Quand un élève avait un comportement inapproprié, il le remettait à sa place.  Ça lui clouait le bec. Et moi, j’étais très heureuse de ses interventions. Je n’aurais jamais pu dire à un élève de se la fermer, mais venant de lui, ça passait, et très clairement.

Bref, de Ruby, j’ai gardé un souvenir très net, et le surnom de Boucle d’Or qui m’a suivi un moment. Il doit avoir 35 ans aujourd’hui. J’ai de la difficulté à m’imaginer ce qu’il est devenu. Qui sait,  peut-être est-il bilingue?

Les Parents et le Mensonge

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Billet d’humeur à prendre avec un grain d’humour

Mon enfant ne ment pas! C’est ce que me disent de plus en plus de parents qui jurent que leur progéniture, pris la main dans le sac, n’a pas menti et que tout est de la faute de l’autre (l’autre enfant, l’enseignant). Ce à quoi je leur réponds le plus souvent : Si votre enfant ne ment pas, il n’est pas normal. Bon, enfin, c’est ce que je me dis. Parce que si je leur répondais vraiment ça, ce serait assez pour qu’ils me disent que j’accuse leur enfant d’être anormal.

Pire que le mensonge de l’enfant est la réaction des parents quand on les informe que leur enfant a menti.

Le parent avocat

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Le parent avocat défendra son enfant jusqu’à porter plainte à la Commission scolaire si on ne capitule pas. Il ne sait pas ce qu’il s’est passé (il n’était pas là), mais il  croit son enfant. Comme un avocat, peut lui importe vraiment ce qui est arrivé, tout ce qu’il veut qu’on retienne de sa longue diatribe enflammée, c’est que son enfant ne ment pas. Il est le seul juré et sa conclusion est le seul verdict acceptable.

Cher parent avocat, il se peut que votre enfant subisse une injustice, mais faudrait pas mettre tout le système en branle pour un simple mensonge. Il se peut aussi que votre enfant soit déclaré coupable et que ce soit vrai. La peine ne sera pas si grave. Au plus il aura une réflexion à faire, un geste réparateur à poser. Et sachez que les enfants n’ont pas toujours besoin d’avocats. Ils se défendent assez bien seuls. Ou bien ils l’apprendront, ce qui est encore mieux.

Le parent détective

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Le parent qui demande les preuves. On lui dit qu’une telle a vu l’enfant porter un geste. Le parent nous répond qu’il veut parler à cette personne. Qu’on lui expose de long en large les étapes qu’on a suivies durant une enquête qui nous a pris 2 heures de notre journée pour venir à bout des versions de tous ceux impliqués, ça ne compte pas. Il veut refaire le travail lui-même. Il ira même jusqu’à communiquer avec d’autres parents, pour s’assurer que le leur a bien été puni, que l’école n’a pas monté un scénario de toutes pièces pour harceler leur chérubin. Il se tiendra près de la cour de récréation et observera son ange interagir avec les autres, pour les prendre sur le fait d’un autre crime beaucoup plus grave qui demanderait notre attention et la dévierait de son chérubin. Cher parent détective, pensez-vous vraiment qu’on conspire pour accuser les jeunes à tort, votre enfant en particulier? On en a des centaines à éduquer ou à martyriser, c’est selon.

Le parent qui exorcise ses démons

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J’ai aussi le grand plaisir de recevoir des billets qu’on a envoyés aux parents, dans une enveloppe cachetée, nous revenir par les mains de l’enfant, avec un message bien en vue graffigné à l’encre rouge, comme possédée de la main du diable,  qui dit que son enfant n’a pas menti et que la prochaine fois, on devra le croire! Bien sûr, l’enfant se fait en général un plaisir de nous soumettre la lettre, avec un petit sourire presque diabolique. D’autre fois, l’enfant est mal à l’aise. Il sait qu’il a mal fait. Il culpabilise un peu.

Le parent qui s’exprime est verbomoteur et aussi très peu discret. Sa voix peut monter d’une octave ou sembler venir tout droit d’outre-tombe. Il arrive en coup de vent, exige de nous rencontrer pour nous expliquer à quel point nous sommes incompétents. Habituellement, il a détesté l’école étant jeune et transfère sa haine du système sur nous.  Il ne se gêne pas pour laisser exploser sa colère et cracher son venin sur tout ce qui l’entoure.  Le problème, c’est l’enseignante, toujours sur le dos de son rejeton. Il croit que son enfant est étiqueté et qu’on passe notre temps à le diaboliser. Il exigera qu’on retire la conséquence imposée, il refusera que son enfant assiste à une retenue ou autre.

Cher parent qui exorcise ses démons. Vous vous y prenez très mal et on n’a pas le gout d’être gentil avec vous. Sachez que la prochaine fois que vous vous pointerez à l’école, nous aurons envie de vous éviter, et peut-être qu’on brandira le crucifix pour vous tenir éloigné.

Le parent guerrier

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Le parent guerrier en veut à l’école, à l’enseignant, à la direction pour la grande injustice qu’on vient de porter envers son enfant. Il a la mémoire longue et vient de déclarer la guerre. Il trouvera toutes les excuses possibles pour envoyer des notes rageuses à l’enseignant de son enfant, comme autant de petits coups de poignard. Il posera des embuscades, soulignera une faute d’orthographe de l’enseignante à gros traits.  Ainsi, il critiquera l’enseignante qui me transmettra, en larmes, le dernier message méchant qu’il a reçu du parent guerrier. Aucune trêve en vue, la guerre froide durera jusqu’à la fin de l’année. Jusqu’à ce que l’enseignante se trouve vaincue. L’enseignant du niveau supérieur tremble déjà en sachant que l’enfant du parent guerrier aboutira dans sa classe l’an prochain.

Le parent de l’extrême droite

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Le parent de l’extrême droite est « trop de notre bord ». Il nous dit que son enfant est un menteur. Qu’il est pareil à la maison. Qu’il est souvent puni pour ses mensonges. Il fomente la pire des punitions pour dompter son fils. Punition qui pourra même aller à un mois sans amis, ou sans jeu. Bref, il en met trop. Avec le parent d’extrême droite, on en arrive à vouloir banaliser la situation à la dédramatiser, à tenter de calmer le parent car on a un peu peur pour notre petit protégé qui n’a tué personne.

L’enfant du parent extrémiste a très peur qu’on appelle son parent. Il tremble de peur. Ce qui fait qu’on ne communique pas souvent avec ce parent. On règle ça à l’école et on essaie de faire comprendre à l’élève ce que son parent ne comprend pas. Un mensonge, ce n’est pas si grave, mais ce n’est pas bien non plus. Par contre, on comprend le jeune de mentir pour éviter une punition. On le ferait aussi si on avait affaire à un parent extrémiste.

Le parent idéal

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Le parent idéal existe. Il compose même la grande majorité de notre population. C’est celui qui ne panique pas, et s’assure d’écouter ce qu’on a à dire avant de porter un jugement. Il ne nous prend pas pour des caves et se dit que si on prend la peine de communiquer avec lui, il prendra la peine d’avoir une vraie conversation. Il pourra même nous faire part de ses inquiétudes en sachant qu’on fera notre possible pour l’aider. Il comprendra que son enfant a commis une bévue mais n’en fera pas un drame. Quand le parent sortira de notre bureau, on aura encore le sourire aux lèvres. On saura que la situation est réglée à la satisfaction de tous (à part peut-être l’élève qui aura à vivre avec les conséquences de son geste). On n’aura pas peur que le petit se fasse battre en arrivant le soir à la maison. On saura qu’on peut compter sur ce parent-là pour collaborer car nous sommes sur la même longueur d’ondes et nous travaillons vers un même but. On a le même objectif : faire de l’enfant un être qui sera équilibré.

Cher parent, votre enfant ment, mais on l’aime et il est normal! Vous voulez savoir pourquoi on ment? Lisez ceci: La vérité sur les mensonge.

La vérité sur les enseignants

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Les enseignants sont une race à part. Souvent idolâtrés par les petits, ils sont plutôt mal-aimés par le public en général.

Vous voulez que je vous dise la vérité sur eux? Ils ont fait 3 ou 4 années d’études supérieures à l’Université. Ils sortent de l’école endettés et prennent plusieurs années à rembourser ces dettes étant donné leur salaire de base qui tourne autour de 38 902$. En comparaison, voici les salaires de bases d’autres professions dans le secteur public:

*Ingénieur forestier : 38 843$
*Enseignant : 38 902$
*Comptable : entre 38 750 et 47 500$
*Analyste informatique : 40 557$
*Arpenteur géomètre : 40 557$
*Bibliothécaire : 40 617$
*Agent de protection de la faune : 43 166$
*Avocat : 53 310$
*Fiscaliste : 56 250$

On comprendra facilement que les enseignants, en comparaison, sont loin d’être au dessus de la moyenne. Et on arrêtera peut-être de leur lancer en pleine face qu’ils sont payés pour être en vacances deux mois l’été. Oui, ils sont en vacances, mais ils les paient eux-mêmes ces vacances à même leur salaire qui est réparti sur toute l’année. Ils ne retirent pas de chômage (à moins d’être à statut précaire) durant l’été.  Ils ont une semaine de congé en mars, semaine qu’ils prennent souvent pour corriger leurs épreuves de fin d’étape et colliger les notes pour faire les bulletins qui devront être remis avant le 15 mars. Les seules vacances payées sont les jours fériés. Par contre, la comparaison avec d’autres professions devient alors un peu erronée puisque le garde forestier, par exemple, qui gagne à peu près le même salaire, doit travailler en moyenne 341 jours par année, soit 141 de plus pour gagner le même salaire. La question salariale devient alors plus reluisante pour les enseignants en termes de jours travaillés.

Durant leur formation universitaire, ils font 4 stages en milieux scolaires. Stages non rémunérés. Ils sont évalués lors de ces stages. Au sortir de l’école, ils sont encore évalués par leur direction d’école et ont 180 jours pour faire leurs preuves.

Ils sont maintenant payés pour une semaine de 32 heures où chaque minute est compilée. Ils ont droit à 5 heures de travail personnel par semaine. Pour planifier, corriger, rechercher. C’est une heure par jour pour préparer 3 à 4 heures d’enseignement dans la même journée.

Lors des fameuses 20 journées pédagogiques ils assistent à des réunions obligatoires, des formations, des rencontres d’équipes ou de comités.

En plus de leur tâche d’enseignement, ils doivent maintenant adapter les contenus pour les divers niveaux des élèves d’une même classe (Certains élèves sont de niveau 5ème mais ils n’ont réussi qu’une 3ème). Ils doivent souvent compléter des rapports d’observations pour les médecins et psychologues qui se basent sur ceux-ci pour émettre leurs diagnostiques. Ils remplissent aussi de petits carnets de route pour certains élèves (environ deux par classe) pour informer les parents des difficultés de leur enfant.

Ils ont en moyenne un à deux élèves souffrant d’un trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité. Ils ont souvent un élève atteint d’un trouble du spectre de l’autisme. Ils ont aussi de plus en plus d’élèves souffrant de dyspraxie ou d’un retard de langage, ou d’un trouble anxieux. Bref, ils composent avec tellement de contraintes, qu’il se peut, quelquefois, qu’ils décrochent. Comme c’est le cas pour 1 jeune enseignant sur 5 qui changera de profession après avoir goûté au métier.

Ils doivent assister à des plans d’intervention pour leurs élèves en difficulté (en moyenne trois par classe). Ils doivent ensuite appliquer les moyens déterminés pour assurer la réussite de ces élèves (port de coquilles anti-bruit, temps supplémentaire aux épreuves d’évaluation, textes à l’avance à la maison, aide supplémentaire en tout temps, consignes répétée à l’élève qui ne comprend pas si on s’adresse à tout le groupe, remise à la tâche des élèves qui partent systématiquement dans la lune aux 5 minutes, ballons pour un, objet à manipuler pour l’autre, coin de retrait, et j’en passe).

Ils composent aussi avec les parents de leurs élèves et avec les exigences de leur direction et les mesures (souvent des coupures) de leur commission scolaire.

Ils font des heures supplémentaires le soir et les fins de semaines pour rattraper les retards. Leur conjoint vous le confirmera. Ces heures ne sont pas payées à temps double. Elles ne sont pas compilées du tout.

Voici une vidéo marrante créée par des enseignants du secondaire pour illustrer leur quotidien. Elle vaut la peine d’être regardée. Bref, Je Suis un Prof.  

Comme dans tous les métiers, il y a bien sûr, des enseignants incompétents qui ne font pas l’affaire. Malheureusement, on met l’accent sur eux, comme on met l’accent sur les policiers incompétents, les avocats véreux ou les comptables fraudeurs. Pourtant la grande majorité est compétente et fait de son mieux pour éduquer nos enfants.

Que disiez-vous sur les enseignants donc? Ah! Oui, vous ne feriez pas leur boulot. J’pensais aussi!

Je vous invite à lire l’article: Adieu Monsieur le Professeur, en lien direct avec ce texte.

Sophie, directrice d’école (notez que les opinions émises dans ce texte sont d’ordre personnel et ne devraient aucunement être associées à mon employeur).

*Source : Conseil du trésor du Canada